manderai, sous des prétextes et comme un service personnel, d’acquitter le prévenu. L’acquittement sera certainement prononcé. Ne me demande rien de plus.
Je n’insiste pas. Je ne fais pas, alors, plus de réflexions philosophiques que je n’en veux faire ici. À quoi bon ?
Vous vous demanderez peut-être, il est vrai, si je cesse complètement de penser à Cornac, et si je ne lui porte aucun intérêt. Je ne porte pas d’intérêt. Je porte une épaulette. Néanmoins, si vous voulez savoir ce qui s’est passé, je vais vous le dire.
Grâce à l’intervention de mon père, Cornac été acquitté par le conseil de guerre et versé dans un escadron du train. Il a eu d’abord à subir la punition infligée à tous les hommes qui passent devant le conseil de guerre, qu’ils soient condamnés ou non : soixante jours de prison. Ensuite, son peu d’habileté à des manœuvres qu’il ne connaissait pas, ayant toujours été ordonnance, l’a fait punir fréquemment ; chacune de ses punitions a été terriblement augmentée en suivant la voie hiérarchique ; quatre jours, huit jours, quinze jours, un mois, deux mois de prison. Ce qui, ajouté aux deux premiers mois, a donné un total de cent-vingt jours d’incarcération. Juste ce qu’il faut pour entreprendre un voyage à Biribi. (Voir Biribi, Armée d’Afrique.) Cornac a donc été envoyé à Biribi. Dès son arrivée à Gafsa, il a été accusé d’avoir insulté un supérieur, et condamné, pour ce fait, à dix ans de travaux publics.
On pourrait faire là-dessus beaucoup de commentaires. Je préfère m’abstenir.
Mon père a quitté la capitale pour aller prendre le commandement d’une brigade d’infanterie, à L… La ville de L… a, paraît-il, fait le meilleur accueil au héros de