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Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/310

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relèvera avant peu. Il a du ressort ; sa femme aussi. Tu sais, elle est plus jolie que jamais. Ah ! ces Alsaciennes !…

— Mais Estelle n’est pas Alsacienne ; elle est née dans le Nord…

— Allons, allons ! Qu’est-ce que tu rabâches ? Estelle n’est pas Alsacienne ! Mais tu bats la breloque, mon pauvre ami. Tout le monde le sait, qu’elle est Alsacienne ! Toi-même, tu as été à la statue de Strasbourg avec elle. Ah ! Est-ce vrai ? Hein ?… Voyons, tu me demandais si l’Alsace-Lorraine est oubliée ? Non elle n’est pas oubliée. Nous en parlons toujours et nous n’y pensons jamais… C’est-à-dire… c’est juste le contraire. Enfin, c’est comme disait Gambetta, quoi. Seulement, les Allemands ne veulent pas discuter. Alors… Du reste, tiens, il y a justement dans le Petit Papier un article de Gudais sur la question…

Mon père pousse vers moi le journal, et je lis : « Voilà qui reste bien entendu et définitivement exprimé : la question alsacienne-lorraine n’existe pas pour l’Empire allemand, parce que les Alsaciens-Lorrains ne comptent pas à ses yeux, au prix de ses intérêts militaires. Nous devons donc reconnaître que toute discussion devient impossible. Nous ne nous faisons aucune illusion sur les préparatifs guerriers que Berlin accumule pour défier le bon sens et l’équité, pour imposer la terreur de sa suprématie, joignant à la sauvagerie des procédés la folie d’une haine délirante… »

Entre l’Empire allemand aux yeux duquel (style Gudais) la question alsacienne-lorraine n’existe pas, et la République française dont l’avenir est au Soudan, la position des Alsaciens-Lorrains est vraiment triste.