de lui plusieurs fois. C’est un républicain, un républicain austère, qui n’a pas d’autre désir que celui de se sacrifier au bien-être de son pays. Il a un fils, pourtant, qui, bien que républicain comme son père, a des ambitions ; mais ses ambitions sont légitimes, car c’est un jeune homme du plus grand avenir. Il a fait son droit, ce qui est beau, et vit à Paris avec d’autres personnages qui ont aussi fait leur droit et qui feront bien autre chose avant peu. Il y en a un, dans la bande, qui s’appelle Léon et dont M. Curmont fait le plus grand éloge. Il est fier, d’ailleurs, de recevoir ces messieurs chez lui, de temps à autre ; ils lui sont amenés par son fils. Ce fils, ayant d’aussi belles relations, dépense beaucoup d’argent. M. Curmont n’est pas bien riche, et ne pourrait pas fournir cet argent. Heureusement, Mme Curmont est une musicienne hors ligne ; en donnant des leçons du matin au soir et en jouant dans les concerts, autant que possible, du soir jusqu’au matin, elle parvient à subvenir aux besoins de son fils. Je voudrais bien voir, pour mon compte, ce jeune homme à grand avenir ; je voudrais bien voir, aussi, ses amis ; d’autant plus que mon père, dernièrement, en a parlé devant moi en termes peu flatteurs.
— Des vauriens, a-t-il dit. Des piliers d’estaminets, des avocats sans cause, des poches à bave. Si l’Empereur faisait fusiller ces gaillards-là, ce serait un grand bien pour lui et pour la France. C’est grâce à cette sale clique que nous n’avons pas d’armée de seconde ligne. Malgré tout, on pourrait encore se tirer d’affaires, si ces gredins n’étaient pas là pour empoisonner le public.
M. Freeman, à qui s’adressait mon père, a trouvé que les moyens préconisés par lui étaient plutôt excessifs. Il pense que toutes les opinions doivent être libres, au moins jusqu’à un certain point. Mais ce qu’il n’admet pas, c’est qu’on vilipende la France et la mémoire du Grand