Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/427

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rejeta à la pointe de la baïonnette au delà du ruisseau. À l’aile droite, les Français — c’est-à-dire, bien entendu, les Allemands — étaient donc vainqueurs. À l’aile gauche, au contraire, l’immense supériorité numérique des Russes leur avait permis de tourner les Français, dont la situation était des plus critiques. Victor renforça sa gauche en toute hâte, mais en vain ; les Russes gagnaient du terrain de minute en minute, grâce à leur nombre, en dépit de l’admirable résistance des Saxons. Tout semblait perdu, lorsque Victor donna à la cavalerie l’ordre de charger. Les hussards de Bade et les chevau-légers de Hesse formèrent la première ligne ; les dragons de Saxe, sous le prince Jean, la seconde. Le général Fournier ayant été grièvement blessé, le colonel badois von Laroche prit le commandement. La charge balaya la première ligne russe, rompit le carré formé par le 34e Chasseurs, et força l’ennemi à la fuite. Les cavaliers allemands furent chargés à leur tour par un corps de cuirassiers russes ; le colonel von Laroche fut blessé d’un coup de sabre qui lui fendit la figure de la bouche à l’oreille, fut fait prisonnier ; une terrible mêlée s’ensuivit, au cours de laquelle le colonel von Laroche fut délivré ; et les Russes furent obligés de tourner bride. Les pertes de la cavalerie française — c’est-à-dire allemande — avaient été énormes ; mais l’ennemi cessa de rien tenter contre l’aile gauche, se contentant de la canonner à longue distance.

« Vers la fin de l’après-midi, au moment où la tempête de neige redoublait, Wittgenstein attaqua une seconde fois l’aile droite avec fureur. Le Markgraf fit preuve de la plus grande habileté et du plus grand courage ; bien qu’ils perdissent 1100 hommes et vingt-huit officiers, et malgré le nombre écrasant de leurs adversaires, les Badois obligèrent les Russes à se retirer en désordre. Quand la nuit tomba, les troupes badoises