Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/456

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et que je reconnus dès qu’il se retourna pour le commandant Karpathanzi, s’approcha de moi ; il me pria, par ordre, de le suivre. Très étonné, plus qu’étonné, je le suivis. Un fiacre, en quelques minutes, nous conduisit au ministère ; le commandant me mena immédiatement au cabinet du général de Lahaye-Marmenteau avec lequel il me laissa seul. Le général me pria de lui montrer les lettres qu’on m’avait remises au bureau de poste. Je les sortis de ma poche ; il y en avait cinq, deux que j’ai reconnu à la suscription avoir été envoyées par Mme d’Artoulle, et trois qui portaient des timbres allemands. Le général m’ordonna d’ouvrir les lettres devant lui ; ce que je fis. Il jeta à peine un coup d’œil sur les billets de Mme d’Artoulle, et me les rendit. Quant aux lettres expédiées d’Allemagne, il me demanda des explications à leur sujet. Je déclarai ne pouvoir en donner aucune ; j’affirmai, de plus, ne connaître l’allemand que très imparfaitement. Le général, qui ne sait pas un mot de cette langue, fit appeler l’archiviste Irmaudin. Ce dernier parut aussitôt et traduisit les lettres ; dans l’une, on me remerciait des renseignements que j’avais envoyés au sujet des nouveaux freins hydrauliques ; dans les deux autres, on me priait de compléter mes indications sur les défenses de Verdun, et on me demandait le croquis des projets pour le fort d’arrêt de Hirson. L’archiviste se retira. Je restai seul avec le général. J’étais écrasé, anéanti. Je n’ai pas besoin de vous dire, mon cher ami, combien innocent je suis de la monstrueuse accusation qui pesait sur moi. Cependant, toutes les apparences me condamnaient ; je le sentais, j’étais accablé par d’irréfutables évidences ; je me voyais pris dans un piège dont je ne m’expliquais pas, dont je ne m’explique pas, même maintenant, le mécanisme.

— Et, demandé-je, plein d’une émotion que Bellevigne, heureusement, est trop troublé pour remarquer, et comment vous êtes-vous….. ?