Français à la fin de 1870. Il était évident qu’on ne se battait plus pour la France. Les scélérats de Tours, hommes de paille d’un vaste syndicat de rapine et de concussion, ne continuaient leur lamentable guerre à outrance que dans l’intérêt de leur parti et des fournisseurs-bandits qui leur graissaient la patte. Et les pauvres soldats, affamés, en haillons, mouraient de froid et de faim ; étaient fusillés sous prétexte d’indiscipline, dix et vingt à la fois, par des chef indignes auxquels le Borgne infâme, arraché à sa taverne par l’émeute, recommandait d’étouffer à tout prix l’esprit révolutionnaire…
— Malgré tout, dis-je, quand on porte une épaulette…
— Et ceux qui parlent d’accuser ton père, s’écrie mon oncle, ne portent-ils pas une épaulette, eux aussi ? Et où étaient-ils en 1870 ? Qu’ont-ils fait en 1870 ? Ils ont une belle audace de se poser en justiciers, et même d’ouvrir la bouche ! Peut-être, au moment d’agir, s’en apercevront-ils. L’histoire n’est pas muette, après tout ; bien qu’elle soit souvent volontairement faussée, elle n’est muette ni sur l’affaire de Nourhas ni sur bien d’autres faits encore plus odieux ; mais les peuples refusent d’écouter sa voix ; le peuple français, surtout. Il ne vit que sur le mensonge ; le mensonge du passé, le mensonge du présent. La France parle de son relèvement ; où en sont les preuves ? N’est-elle pas liée, à l’heure actuelle, des mêmes entraves qu’elle accepta après ses désastres ? Sa population décroît ; commercialement, elle se trouve dans la position qu’elle occupait en 1865 ; militairement, les mêmes vices qui ont perdu son armée en 1870 subsistent, aggravés. Vos fanfaronnades ne trompent personne. Vous oubliez trop, voyez-vous, qu’il y a des juges à Berlin. Tout le mal vient de ce que vous n’avez pas eu le courage de regarder en face votre défaite. Voilà pourquoi vous avez cessé d’être vous-mêmes. Voilà pourquoi, en réorganisant votre armée, vous avez servilement imité l’armée