tiquement, il resserrerait vos liens. Vous vivriez, esclaves bénis par l’Église, sous le knout d’une nouvelle Sainte-Alliance. Alors, la guerre ?…
« Oui, la guerre. À quoi vous sert-elle, la paix actuelle ? À végéter, à crever. Les Riches en vivent, de cette paix. Ils vous font la guerre, pendant cette paix, et vivent de vous ; et vivent bien. Ils chantent les bienfaits de la paix, et ses beautés ; vous accompagnez le cantique avec les borborygmes de vos boyaux vides. Pourquoi donc que vous n’attaqueriez pas le refrain, pour voir, avec une clarinette de six pieds ? La Civilisation est un fléau, et l’Art une moquerie, et la Science un mensonge, lorsque la paix, comme aujourd’hui, est une imposture ; lorsqu’elle cause plus de désastres et plus de meurtres que la guerre ; lorsque tout le monde le sait, et que personne n’ose le dire.
« La guerre ? À moins que vous ne soyez que des hordes de mercenaires idiots, elle vous donnera la liberté et le bonheur. Les grandes armées nationales ont pour mission nécessaire, forcée, de créer la réalité des patries, de donner la terre à l’homme. Les Riches le savent si bien qu’ils ne veulent d’une lutte européenne à aucun prix ; que l’idée seule d’un conflit les fait trembler ; qu’ils refusent, partout, de laisser étudier les conséquences d’une guerre ; qu’en France, quand Burdeau nomma un comité chargé de rechercher comment l’organisme social continuerait à fonctionner en temps de guerre, les autorités intervinrent et suspendirent l’enquête. Parbleu ! Les grandes armées nationales étant constituées en fait, les boulets tirés sur les ennemis ricocheraient sur l’Ennemi — sur l’affameur. — Pauvres ! n’ayez pas peur de la guerre ! Elle vous libérera. Elle tuera la Misère qui vous étrangle, et l’Hypocrisie qui vous ligotte. Elle vous donnera une patrie. Vous aurez la victoire — la victoire qui vous permettra de faire jaillir la fraternité internationale