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III


Les funérailles terminées, nous sommes revenus à la maison, mon oncle Karl, mon père et moi. Ma grand’mère, souffrante et en proie à la plus grande douleur, ne quitte pas sa chambre. Les rapports de mon oncle et de mon père ne sont pas des plus cordiaux, et leur conversation est plutôt froide, toute de surface. Ce n’est guère amusant. Après dîner, heureusement, M. Delanoix vient nous faire une visite.

M. Delanoix est un homme tout d’une pièce, rond en affaires, qui ne mâche pas ce qu’il a à dire et n’y va point par quatre chemins. Du moins, il l’affirme.

— Moi, je suis franc comme l’or. Je pense qu’il n’y a rien de tel que de parler pour s’entendre.

Cependant, c’est à l’aide de nombreuses tournures circonlocutoires qu’il expose à mon père l’objet de sa visite. Des sentiments de vénération profonde l’ont poussé à venir à Versailles pour assister aux funérailles de son oncle ; il aurait même pris le premier train et serait arrivé un peu plus tôt, c’est-à-dire le 8, si ses devoirs de citoyen ne l’avaient retenu chez lui ce jour-là : il lui fallait, en effet, voter, et ajouter son humble voix à toutes celles des vrais Français qui ont affirmé leur loyauté à la dynastie impériale.