Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/62

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quelque point. Quant à admettre que Raubvogel soit un simple hôtelier, ça, jamais ! Le malheur des temps, ou quelque raison d’ordre supérieur, peut-être son respect pour la mémoire de l’oncle qu’il vient de perdre, l’ont poussé à exercer cette profession pendant quelque temps ; mais voilà tout. Mon père, cependant, remercie le général, et se déclare bien embarrassé.

— Si ma belle-mère n’était pas aussi souffrante, je la mettrais en face du paroissien, et elle ne tarderait pas à savoir si, oui ou non, il appartient à la famille. Elle me disait hier que l’individu avec lequel se maria la sœur de son mari, après avoir quitté le toit paternel, s’appelait bien Raubvogel. Mais ce n’est pas une preuve. Le Raubvogel qui nous est apparu l’autre jour est-il le fils de l’autre Raubvogel ? D’ailleurs, la mémoire des vieilles gens est sujette à caution. En vérité, je suis contrarié. Mais je crois que ce que j’ai de mieux à faire, est de l’envoyer promener. Vous retiendrai-je à déjeuner, mon général ?

— Mille fois merci, mais je ne pourrais accepter. Mon Panari est malade ; j’espère que c’est pour le bon motif, cette fois. Vous comprenez qu’il faut respecter les convenances. Quant à votre Raubvogel, je ne sais quel conseil vous donner. Attendons un peu ; nous en recauserons.

— Oui, c’est le mieux. En attendant, je vais demander l’avis de Delanoix. C’est un homme de jugement sûr ; et comme il doit venir déjeuner… justement le voici.

Et mon père désigne du doigt, par la fenêtre, Delanoix qui descend de voiture avec Estelle. Le général de Rahoul se rejette un peu en arrière et semble réfléchir un instant.

— Après tout, dit-il, mon Panari m’attendra bien pour passer l’arme à gauche. Faites-moi donc mettre un couvert.

Pendant le déjeuner, le cas de Raubvogel est exposé à