Page:Darien - L’Épaulette, Fasquelle, 1905.djvu/77

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yeux. Ah ! il nous prépare un ministre de la guerre comme les nations n’en ont pas vu souvent. Ha ! ha ! Et vous verrez que, grâce à lui, je finirai par faire quelque chose de mes deux vauriens de frères. Ha ! Ha !…

Je prends le parti d’abandonner mon poste, sous la fenêtre. Je regrette d’avoir écouté — peut-être parce que je n’ai pas compris. — Et quand Me Larbette sort de la maison, bien qu’il vienne seul faire un tour dans le jardin afin de regarder les rosiers, bien qu’il m’adresse la parole à plusieurs reprises, je me sens tout honteux de ce que j’ai fait, et je n’ose lui poser aucune question.

Mais je prends ma revanche, quelques jours plus tard. Pas avec Me Larbette ; avec son premier clerc, M. Hardouin ; ce M. Hardouin vient très souvent voir M. Curmont depuis quelques jours, et il a avec lui des entretiens qui durent peu. Après quoi, M. Curmont sort en toute hâte, généralement avec une grande serviette d’avocat sous le bras, et se dirige vers la ville ; M. Hardouin attend son retour ; quelquefois, pendant plusieurs heures. C’est justement ce qui vient d’arriver. Et M. Hardouin est venu se promener dans le jardin, où je suis en train de m’amuser, tout seul, à ratisser une allée. M. Hardouin est un grand jeune homme de vingt-cinq ans à peu près, aux yeux spirituels, à la face glabre ; s’il avait de la barbe, il ressemblerait beaucoup au cousin Raubvogel. Je me décide, au bout de quelque temps, à lui demander son opinion sur les points que je désire éclaircir.

M. Hardouin se montre fort aimable avec moi. Il me déclare que l’armée n’est pas sur le point d’être supprimée ; elle le sera sans doute un jour, mais vraisemblablement pas avant plusieurs siècles. J’aurai donc tout le temps nécessaire, non seulement pour devenir officier, mais même pour mourir officier et centenaire en même temps. Ce qu’il pense de M. Albert Curmont ? Il pense que M. Albert Curmont est le fils de M. Curmont et de