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générales, c’est-à-dire susceptibles d’être internationalisées, ou en une seule valeur particulière : la terre, le sol — la Patrie étant le sol de la Patrie, et cette Patrie étant, en dépit des mots, l’apanage d’une minorité (dont une partie n’a même pas d’existence légale), il s’ensuit que l’impôt perçu pour la défense et la conservation de cette Patrie n’est ni une assurance ni un échange, mais seulement un tribut arbitrairement imposé, une simple extorsion. Ce fait était tellement patent, que les possédants ont été obligés de le masquer lorsqu’ils ont reconstitué leurs forces militaires, après 1870 ; d’admettre la formation, au moins nominale, des grandes armées nationales. Ces grandes armées, il ne faut pas l’oublier, n’ont été créées qu’à la voix des peuples, à leur désir exprimé non seulement par des phrases, mais par des faits ; la Commune de Paris est un de ces faits. Le peuple français comprenait donc, alors, que quelque chose méritait d’être défendu, et devait être défendu par tous ; quelque chose qu’il ne possédait pas, qu’il ne connaissait pas et pressentait seulement, quelque chose qu’il était sur le point de connaître et dont il allait exiger la possession. Ce quelque chose, c’était la Patrie — la Patrie qu’avaient livrée, trahie, vendue, les chefs militaires et les classes dirigeantes — c’était le sol de la Patrie.

Car les chefs militaires et les classes dirigeantes le savent, que la patrie c’est le sol de la patrie. Ils le savent si bien que, lorsque l’ennemi s’avance sur eux pour les dévorer, eux et leurs panaches de saltimbanques et leurs propriétés de voleurs, ce qu’ils lui jettent dans la gueule pour apaiser sa faim et calmer sa fureur, c’est un morceau de la terre de France. Ce que demande l’Allemagne victorieuse, c’est l’affaiblissement de la patrie française ; et c’est la terre de l’Alsace, de la Lorraine, qui lui est livrée. Elle lui est vendue, en échange de la conservation de leurs privilèges, par les officiers traîtres dont un si grand nombre caracole encore à la tête de l’armée, et par les Rodins de la bourgeoisie dont la fine fleur pérore à la tête des Nationalistes. Et, aussitôt la cession faite, comme