Page:Darien - La Belle France.djvu/181

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pousse l’abjection jusqu’à s’enorgueillir de cet horrible vice. Il a cessé d’être empoigné, entièrement possédé par cette intolérance qui trempe le caractère de l’être et lui permet d’accomplir de grandes choses. Il ressent, tout au plus, des crises d’indignation ; mais l’indignation est passagère ; elle agit par à-coups, ne laisse rien derrière elle, que de la fatigue et du dégoût ; ses accès se dissolvent en prières, en espoirs de réformes, en sottises ; elle donne la maladie de la justice, et non pas la soif de l’action. L’intolérance est permanente ; elle n’a cure de la justice ; c’est la défiance qui vibre en elle ; elle ne veut pas de réformes, mais des suppressions totales. Il faut être intolérant pour être libre.



Mesdames ! voyez donc ce ressort…

L’homme et la femme ne seront libres que lorsqu’ils seront égaux ; lorsqu’ils auront fait disparaître les barrières qui les séparent, conventionnelles, morales, traditionnelles, légales, et qui trouvent leur point d’appui, ainsi que toutes les infamies qui déshonorent l’humanité présente, dans la propriété individuelle du sol. L’homme s’est placé partout, légalement, fort au-dessus de la femme. La somme de liberté qu’il fut obligé de lui laisser, au moins dans les mœurs, mesure exactement la quantité et la qualité de la liberté dont il jouit lui-même. Dans tous les pays où la part d’indépendance laissée à la femme est réduite à un minimum, le niveau des mœurs s’abaisse de jour en jour, et les institutions, graduellement, descendent au niveau des mœurs. La situation des pays latins, des pays dans lesquels domine l’esprit latin, démontre l’exactitude de cette affirmation. En France, sur la liste des gens frappés d’incapacité civile et politique, la femme vient après les mineurs, les immoraux et les fous. La Française, reléguée par la loi au rang d’animal,