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sales et hypocrites filous, des dévaliseurs de morts, ces quarante voleurs qui ont établi leur caverne sous la coupole de l’Institut. Tout le monde sait qu’ils ont à leur disposition d’énormes sommes qui leur furent léguées afin qu’ils fissent la répartition de leurs revenus, à certaines époques, suivant le vœu des donateurs. Mais tout le monde ne sait pas comment cet argent est distribué, comment la volonté des testateurs est méprisée, bafouée. Personne ne le sait ; personne ne sait tout. Le jour où on l’apprendra, le jour où l’on se décidera à faire la lumière sur la façon dont l’Académie française décerne ses prix et sur de nombreux faits qu’il serait facile de qualifier, ce jour-là un beau scandale éclatera. En attendant, je me permettrai d’affirmer, sans aucune crainte de démenti, que les sacripants à palmes vertes ne cessent de faire le plus malhonnête usage des fonds dont ils disposent ; et que c’est après avoir donné à de honteuses nullités, leurs créatures ou leurs flatteurs, l’argent dont ils frustrent des gens de mérite, après avoir refusé à des hommes comme Élisée Reclus les prix qui leur reviennent de droit, qu’ils osent parler de moralité et poser pour les patriotes.

Il est vrai qu’il faut bien qu’ils posent pour quelque chose, les cuistres ; puisqu’ils sont hors d’état de représenter la littérature et même leurs personnes ; puisque le sire de Vogué lui-même, à quelques efforts qu’il se livre pour faire mourir d’ennui ses lecteurs, n’est qu’un pâle reflet de son aïeul, assassin de soldats français. « L’Académie est un salon. » L’Académie n’est pas un salon ; c’est une bourriche. À part Anatole France, doué d’un haut talent, et deux ou trois autres qui, sans grandes idées, n’écrivent pas positivement mal, il n’y a là qu’une collection d’huîtres ; et d’huîtres contaminées. « Nous sommes des honnêtes gens. » Vous n’êtes pas des honnêtes gens ; vous êtes de glorioleuses canailles. Et ce serait un bonheur pour le pays que la disparition de cet antre de la sottise servile, du pédantisme hypocrite, lâche et féroce — de ce conservatoire de la cruelle et ridicule vanité nationale.

C’est vrai ; la France est descendue à ce point que