est fait le paradis des heureux ; ces pauvres qui vivent comme des exilés sur le sol qui les a vus naître, qui sont des étrangers dans leur propre pays ; ces pauvres sont des mercenaires au service des riches. Toutes les Déclarations des Droits de l’Homme, toutes les déclamations possibles n’y feront rien. C’est un fait. Ces pauvres ne deviendront réellement des hommes libres que lorsqu’ils vivront sur une terre libre. Pas avant. Et la suppression de la propriété individuelle du sol, qui tuera l’esclavage déguisé et la misère flagrante, tuera aussi la guerre.
Il y a des gens, cependant, qui ne veulent point que la guerre meure, ni que la terre, principalement, cesse d’être le monopole de quelques-uns. Les possédants ? Oui, certes. Mais surtout les coquins qui se sont institués les chiens de garde de cette hideuse saleté : notre sainte mère l’Église. Ceux-là savent bien que c’est de l’esclavage de la terre que sort, directement, la puissance religieuse. Ils savent bien que l’abominable instrument de supplice qu’ils prétendent vénérer, et dont ils ont décroché le dieu qu’ils mangent afin d’y crucifier l’homme dont ils veulent boire le sang, ne pourrait pas être planté, ne tiendrait pas dans une terre libre. Ils savent peut-être d’autres choses encore ; des choses terribles qu’on n’a point osé soupçonner jusqu’ici ; mais que je sais, moi, et que j’exposerai tout à l’heure. Aussi, dès que les déshérités font mine de vouloir mettre en question les institutions néfastes qui les enserrent comme des carcans, ces gredins se précipitent, l’anathème à la gueule, le sacré-cœur à la boutonnière, la férule au poing. Pions à figures longues et jésuites de robes courtes se mettent à prêcher l’amour de la patrie, la nécessité de la foi ; et Brunetière lui-même apparaît, Bossuet à la main, derrière le canapé sous lequel il se mit à plat ventre pour moucharder Buloz en attendant le moment de lui faire le coup du père François (Coppée). Il ouvre son suçoir à savates, que le porte-tiare, en frémissant de dégoût, effleura de sa semelle auguste ; il nasille, il brait… Ferme ton plomb ! Y a une carotte dedans ! Il n’y a que des carottes, de-