Page:Darien - Le Voleur, Stock, 1898.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

VI

PLEIN CIEL


Minuit sonne au beffroi de la cathédrale comme nous pénétrons, Roger-la-Honte et moi, dans la rue, de Darbroëk ; nous venons de faire nos adieux à Issacar avec lequel nous avons dîné à l’hôtel du Roi Salomon, où il habite. On est très bien, à cet hôtel-là.

— Oui, dit Roger-la-Honte ; aucun voleur chic ne descend ailleurs, à Bruxelles ; excepté quand les affaires l’exigent, bien entendu. Dans ce cas-là, on est quelquefois obligé de se contenter de peu, et même de trop peu. Tu vas voir mon logement.

Roger-la-Honte me tutoie, et je le lui rends. Familiarités d’associés. Ne serait-ce pas ridicule, puisque nous devons travailler ensemble, de nous parler à la seconde personne du pluriel, et de nous donner du Monsieur ? Donc, Roger-la-Honte me tutoie et je l’appelle : Roger-la-Honte tout court, comme on dit : Monsieur Thiers.

— Nous voici arrivés, dit-il en s’arrêtant devant le numéro 65 et en cherchant sa clef dans sa poche.