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LE VOLEUR

— Nous en allons-nous par la rue, à présent ?

— Non, répond Roger ; il faut partir par où nous sommes venus. C’est plus correct — et plus prudent. — Je vais aller pousser les verrous en bas et donner un tour de clef à la serrure. L’ordre avant tout.

Il descend et revient au bout d’un instant. Je sors du cabinet avec le paquet de valeurs, quelques outils qui sont restés sur le bureau de l’industriel et la lanterne dont Roger n’a pas eu besoin au rez-de-chaussée ; une allumette lui a suffi.

— Maintenant, dit-il après avoir tiré à lui les vantaux de la porte et les avoir maintenus solidement fermés avec une cale de bois, presque invisible, maintenant, les servantes en se levant demain de bonne heure ne s’apercevront de rien. C’est Monsieur lui-même, lorsqu’il montera à son cabinet avec son trousseau de clefs, qui découvrira le pot aux roses. À présent, allons donc faire un tour dans cette chambre de débarras qui nous a si bien accueillis.

Nous y sommes, et nous avons fermé la porte derrière nous. Roger fait le tour des malles et des caisses en reniflant d’une façon singulière.

— Voici, dit-il, une boîte bien close d’où s’exhale une forte odeur de camphre. Ne seraient-ce point quelques fourrures de Madame ? Voyons ça, ajoute-t-il en faisant sauter le couvercle. Tout juste ! Un boa. Deux boas. J’en prends un, et toi aussi. C’est un cadeau tout trouvé pour Broussaille ; et quant à toi, si tu te fais une connaissance… Maintenant, allons-nous-en ; donne-moi le paquet de valeurs ; il pourrait te faire perdre l’équilibre, et ce n’est guère le moment de piquer une tête sur le pavé.

Certainement non ; ce ne serait pas la peine d’avoir opéré un vol avec effraction ; d’avoir violé les droits d’un possédant, non seulement en m’appropriant son bien, mais en m’introduisant dans son domicile ; d’attenter à sa propriété, comme je le fais en ce moment, en me promenant à quatre pattes sur son toit ; et comme je le ferais encore, même, si je planais, à des