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LE VOLEUR

au-devant de moi. Mais d’où sors-tu ? où étais-tu ? J’ai si souvent pensé à toi ! Je suis bien contente de te voir…

Moi aussi, je suis fort heureux de voir Margot. Je lui explique que mes occupations d’ingénieur me retiennent beaucoup à l’étranger.

— Ah ! oui, tu es ingénieur. C’est un beau métier. Est-ce que c’est vrai qu’on a fait une nouvelle invention pour onduler les cheveux en cinq minutes ? Une machine, une mécanique… ? J’en achèterais bien une ; on perd tant de temps avec les coiffeurs !… Enfin, tu me diras ça une autre fois. Mais il faut que je te raconte ce qui m’est arrivé.

Nous marchons côte à côte dans l’allée et Marguerite me fait le récit de ses aventures. Comme elle avait été renvoyée sans certificat par Mme Montareuil, à la suite de ce vol dont on n’a jamais pu découvrir les auteurs, elle n’a pu arriver à trouver une nouvelle place. Elle a eu beaucoup de mal, la pauvre Margot. Elle a été obligée de poser chez les sculpteurs pour « poitrines de femmes du monde. » En fin de compte, un artiste en a fait sa maîtresse, et elle s’est trouvée, graduellement, lancée dans le monde de la galanterie. Depuis elle n’a pas eu à se plaindre ; ah ! mon Dieu, non. Elle a une chance infernale.

— Mais tu as certainement entendu parler de moi ? Tu lis les journaux, je pense ? Il ne se passe point de jour que tu ne puisses voir dans leurs Échos le nom de Marguerite de Vaucouleurs. Eh ! bien, mon cher, Marguerite de Vaucouleurs, c’est moi.

C’est elle !… Et nunc erudimini, puellæ

— Pour le moment, continue-t-elle, je suis entretenue principalement par Courbassol, le député de Malenvers. Tu connais ? C’est lui qui m’a payé ce matin cette paire de solitaires. Jolis, hein ? Tu sais, Courbassol sera ministre lundi ou mardi. On va fiche le ministère par terre après-demain ; il y a assez longtemps qu’il nous rase… Demain, Courbassol va à Malenvers, avec sa bande, pour