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LE VOLEUR

cer la somme dont j’ai besoin ?… Broussaille. Je me fais conduire à Kensington. Pourvu qu’elle soit chez elle !

Elle y est. Rapidement, je la mets au courant des choses.

— Si ton frère était revenu hier soir ou ce matin comme je l’espérais, dis-je, je ne serais pas aussi embarrassé. Mais je ne sais où donner de la tête.

— Ah ! quel malheur ! s’écrie Broussaille. Si j’avais pu savoir !… Hier matin, j’ai porté soixante livres à la banque… Et tu as une enfant ! Je voudrais bien la voir. Elle doit être belle comme tout ; et dire qu’elle est si malade !… Tiens, voilà tout ce que j’ai ici : quatorze livres ; quatorze livres et cinq shillings. Prends les quatorze livres…

— Merci, dis-je ; mais cela ne peut me servir à rien.

— Eh ! bien, veux-tu m’attendre ? demande-t-elle. Je vais aller voir quelqu’un de qui j’aurai certainement cinquante livres, même cent. Cinq minutes pour m’habiller, je pars, et je reviendrai dans trois quarts d’heure. Je vais te faire donner à manger pendant ce temps-là, puisque tu n’as pas déjeuné.

Elle sort, et je l’attends, sans pouvoir presque toucher, tellement je suis énervé, aux plats que la servante m’apporte. Je l’attends pendant une heure…

Mais la voici. Elle entre, les yeux rouges d’avoir pleuré, son mouchoir à la main.

— Oh ! je suis désolée, désolée ! Mon ami venait de partir de chez lui quand j’y suis arrivée. Quelle déveine !… Mais si tu pouvais patienter jusqu’à ce soir ? Il va tous les jours à son club, à dix heures précises ; je l’y ferais demander et il me donnerait cent livres, sûrement. Veux-tu ?

— Non, je ne peux pas attendre ; et puis, il me vient une idée. Seulement, il faut que je me dépêche. Je te remercie tout de même, Broussaille. Au revoir.

Sitôt dans la rue, je prends un cab et je donne au cocher l’adresse du bureau de Paternoster. Je me suis souvenu, subitement, que cet honnête homme a l’ha-