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XXIII

BARBE-BLEUE ET LE DOMINO NOIR


L’hiver venu, j’ai tenu la solennelle promesse que j’avais faite aux époux Mouratet, à Vichy. J’ai quitté Londres pour Paris avec l’intention de passer quelque temps dans cette capitale du monde civilisé. Ce n’est pas que je sois fou de Paris ; non ; j’y suis né et j’aimerais autant mourir ailleurs. Je n’ai aucun engouement de provincial pour cette ville si vantée et dont le seul monument vraiment beau se trouve à Versailles. Mais le séjour de Londres m’était devenu insupportable, vers la fin de décembre. La saison d’automne avait été morne et, à part deux ou trois expéditions peu fructueuses, je l’avais passée les bras croisés. L’inaction n’est pas mon fait. Elle me pèse. Elle me semblait plus lourde encore avec la hantise de souvenirs qui venaient croasser comme des corbeaux sinistres, à cet anniversaire d’événements dont je voudrais avoir perdu la mémoire.

En vérité, je commence à boire pour oublier, moi qui, jusqu’à présent, n’ai jamais bu que pour boire. Je glisse insensiblement sur la pente de l’inconduite.