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Page:Darkó - Le Rôle des peuples nomades cavaliers dans la transformation de l’Empire romain aux premiers siècles du moyen âge, 1948 - posthume.djvu/9

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venir des Arméniens et des Syriens, Justinien Rhinotmète des Scythes, et Théophile des Acrites originaires de Perse.

Pour retrouver les origines du système byzantin de militarisation, il faut donc penser avant tout à l’exemple des États situés à Test de Byzance. Tel fut l’État des Sassanides, qui succédant à l’empire parthe des Arsacides, en imitait, à bien des égards, l’organisation intérieure. L’organisation militariste partho-sassanide reposait sur le principe des fiefs militaires ; on en distinguait trois variétés : 1) Il existait, tout d’abord, des fiefs de grand propriétaire, réservés à la famille royale et aux membres de six autres familles aristocratiques ; 2) des fiefs de petit propriétaire ; 3) il y avait, en outre, une classe d’agriculteurs militarisés qui, en échange de l’usufruit de lots de terre semblables à ceux des petits propriétaires devaient faire, en cas de besoin, par ordre des grands seigneurs féodaux, le service militaire. Chez les Sassanides ce système eut à traverser, du IIIe au VIe siècle après J.-C, un processus de dégénérescence en faveur de la grande propriété : les possesseurs des fiefs inférieurs pouvaient être obligés, outre le service militaire, au payement de l’impôt vis-à-vis du souverain ou des grands seigneurs, d’où résulta un appauvrissement progressif de cette classe dont l’importance, pour les mêmes raisons, allait diminuant. Pour remédier à ces maux, Khousro Ier Nou-shirvan introduisait, au VIe siècle, d’importantes réformes. Il accorda à la cavalerie formée par les petits propriétaires appauvris — qui, auparavant, avaient dû s’équiper à leurs propres frais — des chevaux, des armes et une solde fixe ; en même temps il organisa, comme M. Stein l’a démontré, une classe militaire parfaitement nouvelle dont les membres agriculteurs, indépendants des grandes propriétés, se recrutaient parmi les fils des tribus belliqueuses déjà subjuguées (Khazars, Alains etc.) que le souverain allait établir sur le territoire de l’empire, leur accordant des fiefs militaires. À propos de l’organisation des thèmes d’Armeniakon et d’Anatolikon, l’empereur Héraclius s’engagea dans une voie analogue ; aux fiefs militaires créés sur les terres enlevées aux Perses il fit venir, d’un côté, des tribus belliqueuses vivant sur le territoire de l’Arménie et dans les régions voisines, de l’autre, des cavaliers d’extraction étrangère qui servaient dans l’armée à titre de fédérés. Déjà l’empereur Alexandre Sévère avait organisé des