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eaux : c’est d’une façon abstraite et générale le génie de l’Abondance.

§ 18. Nous avons dit plus haut que la même formule s’appliquait probablement à Ameretà^. Cette fornmle, en effet, comme le prouvent les mots dadhàru, ashaontmi « j’ai donné pour les purs », considère Haurvatâ^ dans ses fonctions célestes : or ces fonctions lui sont communes avec Ameretâ^ et nous savons déjà que tous deux « sont le salaire des purs qui passent dans l’autre monde, tnijdoii ashaonâin paro-açti (jaçeniâtn (§ 8j. Rien donc de plus naturel, et si l’on considère les habitudes de symétrie qui régnent dans l’Avesta, rien de plus nécessaire que cette hypothèse. Or cette hypothèse explique aisément l’obscure définition que Plutarque donne d’Ameretât : τῶν ἐπὶ τοῖς ϰαλοῖς ἡδέων δημιουργός (tôn epi tois kalois hêdeôn dêmiourgos). Le vague et l’embarras de l’expression prouvent que nous sommes ici en face d’une traduction. Qu’arriva-t-il quand les docteurs eurent à expliquer aux Grecs ce qu’étaient les deux derniers Amshaspands ? À leurs yeux, tous deux étaient des dieux de l’Abondance ; comme le nom de Haurvatà^, tel qu’ils le comprenaient (cf. § 16), exprimait cette qualité, on le traduisit par un mot unique équivalent, πλούτου Θεὸς (ploutou Theos) ; comme le nom d’Ameretât ne l’exprimait pas, on fut forcé d’expliquer sa nature autrement que par la traduction de son nom ; on prit la première ligne de son yast : azem dadhCnn. ashaonmn amo-etûto axiioçca raftiàoçca, etc., j’ai créé pour les purs les jouissances d’Ameretà^ ; l’on en tira cette définition : Ameretà^ est ce qui produit des Jouissances pour les purs, ce qui donna en pehlvi quelque chose comme pann nîvakân sîrîn-dâtâr, d’où en grec : ἐπὶ τοῖς-ϰαλοῖς ἡδέων-δημιουργός (epi tois-kalois hêdeôn-dêmiourgos)[1].

§ 19. Haurvatât et Ameretât président l’un au 6e, l’autre au 7e jour du mois ; ils ont donc leur place dans les formules du Sîrozah[2]. Voici celle de Haurvatât :

  1. Le document de Plutarque ne connaît les Amshaspands que comme dieux abstraits. Il serait imprudent d’en conclure qu’ils n’avaient pas encore leurs attributs matériels à l’époque où remonte ce document, c’est-à-dire au ive siècle A. C. (Plutarque l’a probablement tiré de Théopompe : cf. Traité d’Isis et d’Osiris, §47 et Windischmann, Mithra, p. 56). La valeur prêtée aux deux derniers présuppose en effet leur transformation en dieux concrets (cf. § 16). Il est seulement vrai de dire que Plutarque a puise à une source idéaliste (cf. § 28).
  2. Sîrozah = Trente jours. C’est une série d’invocations aux génies