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« à grand secours, à grande joie, donne-nous Haurvatât et Ameretât^^1 ».

Cet appel d’un dieu, à secours et à joie (avaiihê rafnaiihê), se retrouve ailleurs, appliqué à des divinités différentes et devenu de style^^2 ; on n’attache plus de sens précis à la formule, souvent même on ne sent plus qu’elle se suffise à elle-même et les deux termes deviennent membres d’une énumération plus étendue^^3. Or, cette formule reçoit sa pleine valeur de son rapprochement avec des divinités qui ont commencé par être la santé et l’immortalité ; le dieu de la santé avait droit particulier à être invoqué « à secours », puisqu’il a pour fonction spéciale de chasser la maladie et de donner le remède ; rafnanh, la joie, la félicité, s’appliqua non moins bien à l’idée de longue vie, terrestre ou céleste :

   thwahmî rafnahî daregâyû … buyêmâ ; (41. 10)
« envoie-nous la félicité, puissions-nous avoir longue vie^^4 » !
   rapôisca tû né daregemcâ ustâcâ. (41. 11)
« puisses-tu nous donner la félicité de la longue vie^^5 ! »

L’idée de rafnanh ou félicité était donc attachée à l’idée de longue vie, et par suite il était aussi naturel de la demander à Ameretât, dieu d’immortalité, que de demander secours (avaïih) à Haurvatât, dieu de santé. Malgré donc que les Parses modernes dans cette formule même fassent d’Ameretât et de Haurvatât l’eau et les plantes, et quand même telle aurait été la pensée de

1. Avaqyâi, thème avas-ya ; c’est le thème du dénominatif védique avasya (avasyate).

2. Voir yast I, 9.

3. Par exemple, Yast X, ^avaxhc ravanhê rahiaw/iê marjdikâi baêshaxyâi, etc., à secours, à bien-être, à félicité, à miséricorde, à remède, etc. — Yt. 13. 1. »

4. thwahmî rafnahî est un locatif absolu : étant félicité tienne (qui vient de toi) : iavânandakrlûu dit Nériosengh, c’est-à-dire « étant de loi action de faire félicité ».

5. Mot-à-mot : puisses-tu nous réjouir longtempseten santé. Nériosengh, inexact grammaticalement, est exact pour le sens : pramodatvam . . . dîryha’prûptyâ gîvasya : félicité par longue obtention de la vie.

    ahmâi dâ haurvâtà ameretàtâ
    mazdâo khshathrâ ârmaitî ahurô

    « En récompense de la sainteté de l’esprit, de l'excellence de pensée, d’action et de parole, dirigée par la pureté, Ahura Mazda, Khsathra et Armaiti nous donneront Haurvâtât et Amcretât (c.-à-d. soit la santé et l’immortalité, soit les biens de l’abondance ; udakam vanaspatim, dit Nériosengh). »