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trompant les hommes et en leur inspirant le mal, « les fraude de huģyâiti et de ameretât[1] », c’est-à-dire de la bonne vie et de l’immortalité, ce qui est une contre-partie manifeste des passages où l’on promet à qui suit la bonne loi Santé et Immortalité, et une variante de celui où l’on annonce au fidèle de la mauvaise loi la maladie et la mort (§ 29, 1 bis). Donc hugyàiti est un équivalent de haurvatât au sens primitif du mot, et la tradition, qui a oublié ce sens dans /iaii7’vatàt, le reconnaît parfaitement dans hugyàiti, dans ce passage ; en effet, Nériosengh le traduit par sugîvani, yat çakyate givatum : « bonne vie, c’est-à-dire force de vivre » ; le pehlvi exprime l’idée sous la forme inverse : apagayêhê là yeliammit, « il n’y a rien qui emporte la vie» ; autrement dit, pour Nériosengh, hugyàiti est la santé qui fait vivre, pour le pehlvi la santé qui chasse la maladie ; des deux parts, hugyàiti est ce que fut d’abord haurvatât. Par suite hushiti, équivalent actuel de hugyàiti, est un des équivalents de l’ancien haurvatât ; ou du moins, il exprime une idée étroitement voisine, l’idée de sécurité et de bien-être, et l’on peut supposer que dans une période antérieure, avec haiD’vatàt, santé, l’on invoquait hushiti, sécurité ou bien-être[2]. Mais hushiti, par la largeur de son sens étymologique, pouvait aisément étendre ou rétrécir ce sens suivant le milieu, et quand haurvatât changea, qu’il fut devenu dieu des eaux, et par suite dieu des productions matérielles, husJiiti, pour le suivre dans sa nouvelle fortune, n’eut qu’à s’adjoindre une épithète convenable[3].

VIII.

§ 34. Il résulte de ce chapitre que Haurvatât et Ameretât ont été dans une période antérieure autre chose qu’ils ne sont aujour-

  1. debnaotâ mashîm huģyâloîs ameretâtaçca... akaçcâ mainyus (32. 5) : debnaotâ est un nom d’action construit verbalement ; la forme sanscrite serait *dabh-no-tar ; cf. pour l’addition du suffixe tar à la caractéristique renforcée, le védique 'man-o-tar.
  2. Rig Veda, I. 111. 2, l’on demande aux rbhus « yathâ xayâma sarvavîrayâ viçâ » : c’est demander hushiti et haurvatât (§§ 14, 4 ; 19). — Dans l’Avesta, on demande encore aux dieux dareghôshitîm : c’est comme si on leur demandait dareghôģîtim (Yaçna, 67, 42).
  3. De même huģyâitis n’aurait qu’à passer du singulier au pluriel, pour passer du sens de « bien être » au sens de « objets qui procurent le bien être » ; c’est le sens du mot huģîtayô (Y. 33. 10), mot absolument formé de la même façon.