Aller au contenu

Page:Darmesteter - Essais orientaux.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE IV.

CONCLUSION


Ainsi la religion indo-européenne connaissait un dieu suprême, et ce dieu était le dieu-ciel. Il a organisé le monde et le régit, parce qu’étant le ciel, tout est en lui, se passe en lui, suivant sa loi ; il est omniscient et moral, parce qu’étant lumineux, il voit tout, choses et cœurs.

Ce dieu était désigné par les différents noms du ciel, Dyaus, Varana, Svar, qui, suivant le besoin de la pensée, désignaient soit la chose, soit la personne, le ciel ou le dieu. Plus tard, chaque langue fit un choix et fixa à l’un de ces mots le nom propre du dieu qui perdit ou obscurcit son ancienne valeur de nom commun : ainsi en grec dyaus devint le nom du ciel-dieu (Ζεὺς), et Varana (Ούρανός) fut le nom du ciel-chose ; en sanscrit le ciel matériel fut dyaus ou svar, le ciel-dieu fut Varana (plus tard altéré en Varuna) ; le slave fixa au mot Svar, par l’intermédiaire d’un dérivé Svarogu, l’idée du dieu céleste ; le latin s’arrêta au même choix que le grec, avec son Jus-piter, et laissa tomber les autres noms du ciel ; la Perse enfin désigna le dieu par une de ses épithètes abstraites, le Seigneur, Ahura, et effaça les traces extérieures de l’ancien naturalisme de son dieu.