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Même révolution en Germanie, mais dans un passé plus reculé. Le dieu du ciel s’est éclipsé sans laisser de trace : il est remplacé par le dieu de l’atmosphère orageuse, Odin ou Wuotan, le Vâta de l’Inde, le dieu guerrier que l’on entend dans les fracas de la tempête conduire ses bandes échevelées de combattants ou mener à une curée céleste les meutes hurlantes de la chasse sauvage.

Ainsi Grecs, Romains, Slaves laissaient vaincre leur dieu par un dieu étranger ; Germains, Lituaniens, Indous l’abandonnaient d’eux-mêmes pour une création inférieure. Chez un seul peuple il trouva des adorateurs fidèles jusqu’au bout, peu nombreux, mais qui n’ont point laissé entamer leur foi ni par le temps, ni par les hommes. Je veux parler des quelques milliers de Guèbres ou Parsis, qui, dans le grand naufrage politique et religieux de la Perse, fuyant devant le glaive victorieux du prophète, dérobèrent à l’Islam le trésor des vieilles croyances et qui, aujourd’hui encore, en l’an du Christ 1880, dans les temples du feu de Bombay, offrent leurs sacrifices au dieu même que, dans des temps qui échappent à l’histoire, chantaient les ancêtres inconnus de la race Aryenne.


1879.