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dée de vert et de bleu, une paire de sandales, un chapeau de feutre gris, enroulé d’un bout d’étoffe gris et vert ; ils baisèrent la main de l’Émir et reçurent deux lances avec lesquelles ils durent frapper trois fois le sol, en poussant le cri de guerre du Mahdi : fih zebil Allah, pour la cause de Dieu.

Envoyés au camp du Mahdi à Khartoum, il les reçut, semble-t-il, avec considération et les protégea contre l’intolérance et les vexations de ses partisans, plus royalistes que le roi. On s’indignait qu’ils ne fussent pas circoncis : le Mahdi fit taire les mécontents par une révélation, venue à propos, exemptant de la circoncision les convertis adultes. Il causait souvent avec eux, les interrogeait sur Constantinople qui semble être, après le Caire et la Mecque, le but de son ambition, mais qu’il place aux environs de l’Indoustan.

Le Mahdi est désigné sous le nom de Seidna el-Imaum, Notre Seigneur, l’imam. À part les licences qu’il se donne comme Mahomet, quant au nombre de ses femmes, il se soumet à toutes les privations qu’il impose à ses partisans. Défense absolue des liqueurs enivrantes et du tabac : lois somptuaires très strictes ; le port d’un vêtement européen ou égyptien est puni de tant de coups de courbache. Les impôts, même la dîme coranique, sont abolis ; la confiscation des biens des chrétiens, les contributions forcées des marchands et le pillage remplissent le Beit ul-mal ou trésor public sur lequel vit le peuple. Toute trace d’administration est abolie au profit de la dictature des émirs, généralement des parents ou des intimes du Mahdi.

(70). Ou neuf ans : Mahomet aurait dit :

« Le Mahdi sera de mon peuple ; s’il doit faire un court séjour (parmi eux), il restera sept (ans) ; sinon (il en restera) neuf. Mon peuple jouira