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Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/233

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IX. — PHILOSOPHIE AFGHANE

Séid Omar n’est pas seulement bien informé, il est perspicace. Il y a eu ces jours-ci à Péchawer bien des étrangers : d’abord deux officiers Rouss, revenant des grandes manœuvres de Delhi et qui sont allés visiter les fortifications de la frontière ; puis deux officiers Prachich[1], qui, faisant le tour du monde, étaient curieux de voir quelles ombres fait sur la passe de Khaiber la forteresse d’Ali-Mesdjid ; puis un baron australien (lisez autrichien — mais l’Australie est plus connue dans l’Inde que l’Autriche), qui promène un appareil photographique avec lui. Voilà bien des étrangers et cela promet des événements. Mon séjour prolongé à Péchawer l’intrigue aussi : les Prachich ont été jadis quasi maîtres du Pendjab ; ne serais-je pas envoyé par le gouvernement prachich pour étudier le terrain ? Un jour, il me demande de but en blanc « Qui préfère-t-on dans votre pays, les Musulmans ou les Hindous ? » Je lui réponds sévèrement, en bon Français nourri dans les principes de liberté, d’égalité et de fraternité, que chez nous tous les hommes sont égaux et que nous ne faisons pas la moindre différence, à Paris, mais pas la moindre, entre un Musulman et un Hindou. Je m’aperçois à sa mine que je viens de commettre

  1. Français ; voir plus haut, page 125.