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Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/294

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LETTRES SUR L’INDE

que ce n’est rien et que cela ne fait pas honneur devant les hommes.

— Ce sont des jaloux, Ibrahim ; puisque les Fellows sont habillés autrement que les autres hommes.

— C’est vrai, Sâb. Mais ma vieille mère, qui a cent ans, qui connaît le Coran illustre et est une vraie mollani[1], me dit que j’ai tort de m’attacher au monde passager, que je travaille trop pour le gouvernement et pour l’argent, et qu’on ne doit songer qu’a Dieu et au monde éternel. Elle voudrait que je ne sois plus Mounchi et que je passe tout mon temps à prier et étudier le Coran illustre. Aussi, quand j’aurai gagné assez d’argent pour vivre du train qu’il convient à un Fellow, je renoncerai à travailler et j’irai faire le pélerinage a la Mecque la Sainte. Sur le chemin j’irai vous voir à Paris et vous me présenterez aux savants de votre pays.

— Savez-vous où est Paris, Ibrahim ?

— Oui, Sâb, c’est près de la Perse, et les Francess sont d’origine persane, comme le prouve le nom de Paris, qui est le mot Perse mal prononcé.

La conversation dévia et passa à la géogra-

  1. Mollani, femme qui connait le Coran comme un Molla et l’enseigne aux femmes.