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Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/328

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LETTRES SUR L’INDE

Qu’elle lance de ses yeux cent œillades, des regards coquets et vainqueurs.

Que le poète la charge des joyaux de l’art aux mille nuances, qu’il l’orne du sandal et du safran de la métaphore.

Comme anneaux de pieds les clochettes de l’allitération, et à son cou un collier de rythme mystérieux.

Ajoutez les clignements d’yeux du sens caché : de tête en pied, que tout son corps soit un parfait mystère[1].

Le repos poétique de Khouchal fut bien vite troublé par des anxiété nouvelles, pires que celles de Gwalior. Les toutis, dont il regrettait le gazouillement dans son donjon, s’étaient envolés et se déchiraient entre eux. Son second fils, Bahram, « Bahram le méchant », s’était levé en prétendant contre son frère ; battu, pris et gracié, il avait répondu à la clémence d’Achraf en le livrant à Aurengzeb, qui l’envoya périr dans la forteresse de Bijapour. Khouchal sortit de sa retraite pour soutenir le jeune fils d’Achraf, Afzal Khan : mais Bahram avait pour lui les Mogols et resta seul maître. Il envoya son fils Moukarram relancer le vieux lion dans sa tanière : le vieillard, âgé de soixante-dix-sept ans, vint au-devant de la bande, l’épée à la main. Moukar-

  1. T. C. Plowden, Translation of the kilidi Afghani, Lahore, 1875.