Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/367

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
329
XIV. — DE LAHORE À PARIS

que l’Empereur Chah Jehan avait fait élever le Taj et il mourut sur la terrasse du fort, les yeux fixés sur le dôme. On dit qu’il voulait se faire construire un mausolée pour lui-même de l’autre côté de la Jamouna, qui coule au pied du monument. Par bonheur, il mourut trop tôt ; le hasard, ayant plus de cœur que lui et plus de poésie, le réunit à celle qui l’avait aimé et ici dorment les deux ombres, bercées de toutes les tendresses de l’amour et de la mort.

VII

À vingt-trois milles d’Agra est Fatehpur Sikri, la capitale que s’était construite Akbar et qui tomba en ruines après lui. C’est d’une grandeur et d’une désolation comme celle d’une des Delhis. Toute la cité impériale est en pierre rouge, la pierre chère aux derniers Afghans et aux premiers Mogols. Elle s’effrite de jour en jour. De temps en temps le gardien de la cité morte entend un grand bruit sourd : c’est un mur qui s’effondre. Le palais de la princesse Miriam,