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Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/63

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II. — PÉCHAWER

ville indigène à notre idée du paysage indien : C’est une oasis de verdure, où les vastes bengalows[1] disparaissent dans les branches entrelacées des palmiers, des mûriers et des saules et dans les haies de jasmins et de roses. Nous sommes en avril, et Péchawer est en fête : entre un hiver polaire et un été torride, elle jouit d’un printemps qu’elle sait éphémère et qui n’en est que plus doux. Péchawer a ses saisons à elle, étant hors du cercle de la mousson : un été aux flammes sèches qui asphyxie, puis un hiver implacable ; pendant dix mois, c’est l’enfer ; mais il y a deux mois de paradis, et alors je ne sais point d’avenue plus adorable, ni à Paris ni même à Bombay, que ces larges voies, épanouies de soleil, de parfum et de fleurs, et qui montrent au lointain la montagne bleue, la montagne noire, la montagne brumeuse ou neigeuse. Il est tel de ses ronds-points plus beau que le rond-point de l’Élysée, car, au lieu de monter vers le vide, il monte par toutes ses ouvertures vers les bengalows de Dieu, vers les cimes où posent les nuées et l’azur.

La population du cantonnement est d’environ 20,000 âmes, dont environ 6,000 hommes de

  1. Villa indienne.