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Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 1, 1868.pdf/130

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LAPINS DOMESTIQUES.

de la surface supérieure et inférieure de la queue et des tarses postérieurs, qui étaient brun-noir. Bref, ils avaient à peu près la coloration des lapins himalayens, que nous allons décrire, et n’en différaient que par le caractère de leur fourrure. Deux autres races ne diffèrent que par la couleur : ce sont les races grise argentée et chinchilla. Enfin mentionnons le lapin hollandais qui varie de couleur, et est remarquable par sa petite taille, quelques individus ne pesant qu’une livre et quart ; les femelles de cette race forment d’excellentes nourrices pour d’autres variétés plus délicates[1].

Certains caractères sont soumis à des fluctuations remarquables, ou sont faiblement transmis par les lapins domestiques ; ainsi j’apprends d’un éleveur que, dans les petites races, il n’a presque jamais pu obtenir une portée entière de même couleur ; dans les races à grandes oreilles[2], il est impossible d’avoir une couleur certaine, mais on peut en approcher par des croisements judicieux. L’éleveur doit connaître la provenance de ses sujets, et la couleur de leurs parents. Certaines couleurs se transmettent cependant bien. Le fanon n’est pas strictement héréditaire. Les lapins à oreilles pendantes, c’est-à-dire retombant le long de la tête, ne transmettent pas fidèlement ce caractère. M. Delamer fait remarquer que, dans les lapins de fantaisie, les parents peuvent être parfaitement formés, avoir des oreilles modèles, être élégamment marqués, sans que leurs produits soient invariablement pareils. Quand un parent ou tous deux sont lopes à rames (c’est-à-dire ont les oreilles se détachant à angle droit), quand l’un ou tous deux sont demi-lopes (c’est-à-dire n’ayant qu’une oreille pendante), il y a presque autant de chance que leur progéniture soit lope parfait (deux oreilles pendantes), que si les parents l’avaient été eux-mêmes.

Si les deux parents ont cependant les oreilles droites, il y a fort peu de chance d’obtenir le lope parfait. Dans quelques demi-lopes, l’oreille pendante est plus large et plus longue que l’oreille droite[3], d’où résulte le cas peu normal d’un

  1. Journal of Horticulture, 1861, p. 169.
  2. Id., p. 327. — Pour les oreilles, voir Delamer, Pigeons and Rabbits, 1854, p. 141, ainsi que Poultry Chronicle, vol. II, p. 499, — le même pour 1854, p. 586.
  3. Delamer, O. C., p. 136. — Journal of Horticulture, 1861, p. 375.