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LEUR ORIGINE.

bier d’Allemagne n’est pas tacheté. Ils le sont souvent dans l’Inde et quelquefois offrent des taches blanches ; d’après M. Blyth, le croupion devient aussi presque blanc. J’ai reçu de Sir J. Brooke quelques Pigeons de colombier provenant des îles Natunas de l’archipel Malais, et qui avaient été croisés avec ceux de Singapore ; ils étaient petits, et la variété la plus foncée ressemblait beaucoup à la variété foncée et tachetée à croupion bleu de Madère, avec un bec moins mince, quoiqu’il le fût davantage que celui du Bizet shetlandais. J’ai aussi reçu de Foochow, en Chine, par M. Swinhoe, un pigeon de colombier qui était de même petit, et ne différait d’ailleurs pas des précédents. Le Dr Daniell m’a envoyé de Sierra-Leone[1] quatre Pigeons de colombier vivants, qui étaient aussi grands que les Bizets shetlandais et même plus corpulents. Quelques-uns leur étaient identiques par le plumage, avec un peu plus de brillant dans les tons métalliques, d’autres, à croupion bleu, ressemblaient à la variété indienne tachetée, C. intermedia ; quelques-uns étaient assez fortement tachetés pour paraître presque noirs. Le bec différait un peu dans ces quatre oiseaux, mais en somme il était plus court, plus massif et plus fort que dans le Bizet shetlandais ou le Pigeon de colombier anglais. Il y a une assez grande différence entre le bec de ces Pigeons africains et celui des Pigeons de Madère, car il est d’un fort tiers plus épais verticalement dans les premiers que dans les seconds ; on aurait donc, au premier abord, pu être tenté de les regarder comme spécifiquement distincts ; mais toutes les variétés que nous venons de mentionner forment une série si parfaitement graduée, qu’il est impossible d’établir entre elles aucune séparation tranchée.


En résumé, la C. livia sauvage, en y comprenant les C. affinis, intermedia et autres races géographiques encore plus voisines, offre une distribution immense s’étendant depuis la côte méridionale de la Norwége et des îles Feroë, jusqu’aux bords de la Méditerranée, Madère et les îles Canaries, l’Abyssinie, l’Inde et le Japon. Le Bizet varie beaucoup par son plumage, qui est souvent tacheté ; il peut avoir le croupion blanc ou bleu, les dimensions du corps et du bec peuvent aussi présenter quelques variations. Les Pigeons de colombier, dont personne ne conteste la provenance d’une ou de plusieurs des formes sauvages ci-dessus indiquées, offrent une semblable série de variations, mais un peu plus étendues, dans la coloration du plumage, la grandeur du corps, et la longueur et l’épaisseur du bec. Il semble exister, entre la couleur bleue ou blanche du croupion et la température des pays qu’ils habitent,

  1. J. Barbut, dans sa Description de la côte de Guinée (p. 215), publiée en 1746, mentionne le Pigeon domestique ordinaire comme y étant très-commun, et il est supposé, d’après le nom qu’ils portent, qu’ils ont dû avoir été importés.