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LEUR ORIGINE.

les cas que j’ai pu recueillir) qu’on connaît à peine un seul cas bien constaté de métis de deux vraies espèces de Pigeon, qui se soient trouvés fertiles, inter se, ou même seulement croisés avec leurs parents de race pure.

6o À l’exception de quelques différences caractéristiques importantes, les races principales sont, sous tous les autres rapports, très-voisines les unes des autres et de la C. livia. Toutes, comme nous l’avons déjà remarqué, sont éminemment sociables ; toutes répugnent à percher, ou à construire leurs nids sur les arbres ; toutes pondent deux œufs, ce qui n’est pas une règle universelle chez les Colombides : chez toutes, autant que j’ai pu le savoir, l’incubation des œufs a la même durée ; toutes peuvent supporter de grandes différences de climat, toutes préfèrent la même nourriture et sont très-avides de sel ; toutes (le Finnikin et le Tournant exceptés, qui ne diffèrent pas d’ailleurs par les autres caractères), affectent les mêmes allures quand ils courtisent les femelles, et toutes (à l’exception du Rieur et du Tambour) ont le même roucoulement particulier, qui ne ressemble en rien à la voix d’aucun Pigeon sauvage. Toutes les races colorées présentent sur la poitrine les mêmes teintes métalliques spéciales, caractère qui est loin d’être général chez les Pigeons.

Chaque race offre à peu près les mêmes séries de variations

    espèces de Pigeons et de tourterelles, mais aucun des œufs ne furent bons. Les métis de C. œnas et gymnophthalmos furent stériles. Dans le Loudon’s Mag. of nat. Hist., vol. VII, 1834, p. 154, il est rapporté qu’un métis mâle (produit d’un Turtur vulgaris mâle, et d’un T. risoria femelle) s’apparia pendant deux ans avec une femelle de T. risoria, qui, pendant ce temps, pondit beaucoup d’œufs, mais tous stériles. MM. Boitard et Corbié (l. c. p. 235) assurent que les métis de ces deux tourterelles sont toujours stériles, tant entre eux qu’avec l’un et l’autre des parents purs. M. Corbié tenta avec une espèce d’obstination l’essai, qui fut répété encore par MM. Manduyt et Vieillot. Temminck a également constaté la stérilité des hybrides de ces deux espèces. Par conséquent, lorsque Bechstein, (l. c. p. 101), assure que les métis de ces deux oiseaux se reproduisent inter se aussi bien qu’avec l’espèce pure, et qu’un écrivain dans le Field (nov. 10, 1858), confirme cette assertion, il doit y avoir une erreur ; j’ignore laquelle, car Bechstein doit avoir connu la variété blanche de T. risoria ; ce serait un fait sans exemple que les mêmes espèces pussent donner naissance à des produits tantôt très-fertiles, tantôt très-stériles. Dans le rapport manuscrit du Zoological Gardens, les métis des Turtur vulgaris et T. suratensis, du T. vulgaris et de l’Ectopistes migratorius, sont signalés comme inféconds. Deux de ces derniers métis mâles appariés avec des individus des races parentes pures, le T. vulgaris et l’Ectopistes et aussi avec T. risoria et Columba œnas, ont produit beaucoup d’œufs mais stériles. À Paris, (I. Geoff. Saint-Hilaire, Hist. nat. gén., t. III, p. 180), on a obtenu des métis du T. auritus avec les T. cambayensis et Suratensis, mais il n’est rien dit de leur fécondité. Au Zoological Gardens, à Londres, les Goura coronata et Victoria donnèrent un métis qui, apparié avec un Goura coronata pur, pondit plusieurs œufs qui se montrèrent inféconds. En 1860, les Columba gymnophthalmos et maculosa produisirent au même endroit des métis.