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RETOUR ET VARIATIONS ANALOGIQUES.

coup au produit du croisement de la poule Hambourg ; un autre devint un oiseau splendide, à tel point qu’une de mes connaissances l’a conservé et fait empailler uniquement pour sa beauté. Il ressemblait beaucoup par ses allures au G. Bankiva, mais il avait les plumes rouges plus foncées, et en différait assez fortement par ses rémiges primaires et secondaires, qui, au lieu d’être bordées de teintes rouges ou jaunes, comme dans le G. Bankiva, l’étaient de vert noirâtre. La partie du dos qui porte des plumes d’un vert foncé, était plus large, et la crête noirâtre ; mais du reste, sous tous les autres rapports, jusque dans des détails insignifiants du plumage, la ressemblance était complète. C’était tout à fait curieux de comparer cet oiseau avec le G. Bankiva d’abord, puis avec son père, le brillant coq Espagnol d’un beau vert noir, et enfin avec sa mère, la petite poule Soyeuse blanche. Ce cas de retour est d’autant plus remarquable, que la race Espagnole se reproduit exactement depuis fort longtemps, et qu’on ne connaît aucun cas de réapparition chez elle, d’une seule plume rouge. La poule Soyeuse se reproduit également d’une manière constante, et paraît ancienne, car avant 1600, Aldrovande fait probablement allusion à cette race, qu’il décrit comme couverte de laine. Les particularités de plusieurs de ses caractères l’ont fait regarder, par plusieurs auteurs, comme une espèce distincte ; cependant, comme nous venons de le voir, croisée avec la race Espagnole, elle donne des produits très-voisins du G. Bankiva sauvage.

M. Tegetmeier ayant, à ma demande, répété le croisement entre la poule Soyeuse et le coq Espagnol, a obtenu des résultats semblables ; il a produit ainsi, outre une poule noire, sept coqs qui tous avaient le corps foncé, mais les plumes sétiformes d’un rouge plus ou moins orangé. L’année suivante, il apparia la poule noire avec un de ses frères, et en obtint trois coqs colorés comme le père, et une poule noire marbrée de blanc.

Dans les six croisements décrits ci-dessus, les poules n’ont montré aucune tendance à revenir au plumage marbré de brun de la femelle du G. Bankiva ; toutefois l’une d’elles, provenant de la Cochinchinoise blanche, devint légèrement brune, comme enfumée, après avoir été d’abord d’un noir de jais. Plusieurs poules, après avoir été longtemps d’un blanc de neige,