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DIFFÉRENCES DANS LES SQUELETTES.
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le Labrador. Dans le canard Chanterelle, dont la 15e cervicale portait de petites côtes, les apophyses inférieures des 13e et 14e cervicales, et celle de la 17e dorsale, correspondaient aux apophyses des 14e, 15e et 18e vertèbres du canard sauvage : chacune de ces vertèbres avait donc ainsi acquis la conformation particulière à celle qui la suit. Dans le même canard, la 12e cervicale (fig. 40, B), avait les deux branches de son apophyse inférieure plus rapprochées que dans le canard sauvage (A), et leur portion descendante très-raccourcie. Dans le canard Pingouin, le cou, d’ailleurs mince et que l’oiseau porte très-relevé, paraît à cause de cela fort allongé, ce qui n’est du reste pas le cas, ainsi que le prouvent les mesures directes, et il n’y a pas de différence dans les vertèbres cervicales et dorsales. Toutefois, les dorsales postérieures sont plus complètement soudées au bassin que dans le canard sauvage. Le canard Aylesbury a quinze vertèbres cervicales, et dix dorsales pourvues de côtes, mais, autant que j’ai pu m’en assurer, il a la même nombre de vertèbres lombaires, sacrées et caudales que l’oiseau sauvage. Ses vertèbres cervicales (fig. 40, D), étaient beaucoup plus larges et épaisses, par rapport à leur longueur, que dans l’espèce sauvage (C), comme on peut le voir par l’inspection des figures représentant dans les deux oiseaux la huitième cervicale. Ces faits nous montrent que la 15e cervicale se modifie quelquefois, et se transforme en une vertèbre dorsale, et que, lorsque cela arrive, toutes les vertèbres adjacentes sont modifiées. Nous voyons encore qu’il peut se développer occasionnellement une vertèbre dorsale additionnelle portant une côte, pendant que le nombre des cervicales et lombaires reste le même qu’à l’ordinaire.

Fig. 40. Vertèbres cervicales de grandeur naturelle. — A. Huitième vertèbre cervicale de canard sauvage, vue en dessous. — B. Huitième vertèbre cervicale du canard Chanterelle, vue en dessous. — C. Douzième cervicale du canard sauvage, vue latéralement. — D. Douzième cervicale du canard Aylesbury, vue latéralement.

L’élargissement osseux de la trachée chez les mâles est identiquement le même chez les races Pingouine, Chanterelle, Bec-courbé, Labrador et Aylesbury.

Le bassin est assez uniforme ; sa partie antérieure est passablement arquée en dedans, sur le squelette du canard à bec courbé, et le trou ischiatique est moins allongé chez l’Aylesbury et quelques autres races. Le sternum, la fourchette, les coracoïdiens et l’omoplate n’offrent que des différences trop faibles et trop variables, pour qu’il vaille la peine de les mentionner ; je me bornerai à signaler une forte atténuation de la portion terminale, des omoplates chez le canard Pingouin.