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FRUITS.

exemple[1] on a tout récemment, en Angleterre, obtenu une variété dorée provenant, sans l’intervention d’aucun croisement, d’un raisin rouge. Van Mons[2] a obtenu de la graine d’une seule vigne, complètement isolée, de manière à exclure toute possibilité de croisement, des plantes présentant les analogues de toutes les sortes, et différant entre elles par presque tous les caractères possibles des fruits et des feuilles.

Les variétés cultivées sont extrêmement nombreuses ; le comte Odart estime qu’il peut en exister 800, peut-être même 1000, mais dont un tiers sont sans valeur. Un catalogue, publié en 1842, des fruits cultivés dans le Jardin d’Horticulture de Londres, en énumère 99 variétés. Partout où la vigne est cultivée, elle en présente ; Pallas en décrit 24 en Crimée, et Burnes 10 dans le Caboul. Leur classification a fort embarrassé les auteurs, et le comte Odart en a été réduit à adopter un système géographique. Sans entrer dans les détails des grandes et nombreuses différences qui existent entre ces variétés, je me bornerai à signaler quelques particularités curieuses, uniquement pour montrer la variabilité dont la plante est susceptible, et que j’emprunterai toutes à l’ouvrage très-estimé d’Odart[3]. La vigne a été groupée par Simon sous deux divisions principales, comprenant celle à feuilles tomenteuses et celle à feuilles glabres ; mais il admet que dans une variété, la Rebazo, les feuilles peuvent être l’un ou l’autre, et Odart (p. 70) constate que dans quelques variétés, les nervures seules, et dans d’autres les jeunes feuilles, sont tomenteuses, tandis qu’elles sont glabres dans les vieilles. Le raisin Pedro-Ximenes (Odart, p. 397) se laisse reconnaître, parmi une foule d’autres variétés, par la particularité que, lorsqu’il approche de sa maturation, les nervures de ses feuilles et même leur surface entière, deviennent jaunes. Le Barbera d’Asti offre quelques caractères bien marqués (p. 426), entre autres celui de quelques-unes de ses feuilles, toujours les plus basses, devenant subitement d’un rouge foncé. Plusieurs auteurs ont, dans leurs essais de classification, fondé leurs divisions principales sur la forme ronde ou oblongue des grains du raisin, et Odart admet la valeur de ce caractère, bien qu’il y ait une variété, le Maccabeo (p. 71), chez laquelle on trouve souvent sur la même grappe, des grains petits et ronds avec d’autres gros et oblongs. Les raisins de la variété Nebbiolo (p. 429), se reconnaissent au caractère constant d’une légère adhérence de la partie de la pulpe qui entoure les pépins, au reste de la baie, lorsqu’on coupe celle-ci en travers. Il mentionne une variété Rhénane (p. 228) qui aime un sol sec ; le raisin mûrit bien, mais se pourrit facilement quand il pleut beaucoup lors de sa maturation ; une variété Suisse (p. 243) est d’autre part estimée, parce qu’elle résiste bien à une humidité prolongée. Cette dernière variété pousse tardivement au printemps, mais mûrit tôt ; d’autres (p. 362) ont le défaut d’être trop excitées par le soleil d’avril, et souffrent par conséquent du gel. Une variété Styrienne (p. 254) a ses pédoncules très-cassants, et ses grappes sont facilement arrachées par les forts vents ; on dit aussi qu’elle attire tout particu-

  1. Gardener’s Chronicle, 1864, p. 488.
  2. Arbres fruitiers, 1836, t. ii, p. 290.
  3. Ampélographie universelle, 1849.