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FRUITS.

tion prolongée, ils eussent également varié par bourgeons ; car, sous beaucoup de rapports, ils ressemblent aux plantes. Ainsi tout caractère nouveau ou particulier, chez un animal composé, peut se propager par bourgeonnement, comme cela arrive chez les Hydres de diverses couleurs, et comme M. Gosse l’a démontré, sur une variété singulière de vrai corail. On a aussi greffé des variétés de l’Hydre sur d’autres, et elles ont conservé leurs caractères.

Après avoir exposé les cas de variations par bourgeons que j’ai pu recueillir, je discuterai leur importance. Ces cas prouvent que les auteurs qui, comme Pallas, attribuent toute variabilité au croisement soit de races distinctes, soit d’individus un peu différents entre eux, mais appartenant à la même race, sont dans l’erreur ainsi que ceux qui l’attribuent au fait unique de l’union sexuelle. Le principe du retour à des caractères perdus n’explique pas, dans tous les cas, l’apparition de caractères nouveaux par variation de bourgeons, et les faits qui vont suivre permettront de juger de l’influence que les conditions extérieures peuvent exercer sur chaque variation particulière.


Pêchers (Amygdalus Persica). — J’ai signalé, dans le chapitre précédent, deux cas de pêcher-amandier et d’un amandier à fleurs doubles, qui avaient subitement produit des fruits ressemblant à de vraies pêches. J’ai aussi rappelé quelques cas de pêchers ayant produit des bourgeons, qui, développés en rameaux, avaient donné des pêches lisses ; et nous avons vu que six variétés distinctes de pêcher, et quelques autres non dénommées, ont de la même manière, produit plusieurs variétés de pêches lisses. J’ai montré l’improbabilité que ces pêchers, dont quelques-uns sont d’anciennes variétés, qui ont été cultivées par millions, soient des métis de pêcher vrai et du lisse ; et qu’on ne peut attribuer cette production occasionnelle de pêches lisses à l’action directe d’un pollen provenant de quelque pêcher voisin de cette variété. Quelques cas sont fort remarquables, parce que, 1o, le fruit ainsi produit a été quelquefois partie pêche proprement dite et partie pêche lisse ; 2o, parce qu’il a pu se reproduire de graine ; et 3o, parce qu’on peut produire des pêches lisses aussi bien par la graine du pêcher proprement dit que par ses bourgeons. La graine de la pêche lisse, par contre, donne quelquefois des pêches, et nous avons vu un cas où un pêcher lisse a donné de vraies pêches par variation de bourgeons. La pêche étant certainement la variation la plus ancienne ou primaire, la production de pêches vraies par le pêcher lisse, tant par graine que par bourgeons, doit être considérée comme un cas de retour. Sur certains arbres qu’on a décrits comme portant indistinctement les deux