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DE REPRODUCTION ET DE VARIATION.

qu’on n’a jamais examiné chez les hybrides aussi attentivement ni aussi souvent les ovules que le pollen, et qu’ils peuvent être plus fréquemment imparfaits qu’on ne le suppose. Le Dr E. Bornet d’Antibes, (par l’entremise de M. J. Traherne Moggridge), m’apprend que dans les hybrides de Cistes, l’ovaire est souvent difforme, que les ovules manquent quelquefois, et que, dans d’autres cas ils ne peuvent être fécondés.

On a proposé plusieurs théories pour expliquer l’origine du C. Adami, et les transformations dont il est l’objet. Quelques auteurs les ont attribuées à une simple variation de bourgeons, mais on peut écarter sommairement cette manière de voir, d’après les différences qui existent entre les C. laburnum et purpureus, qui sont deux espèces naturelles, et d’après la stérilité de la forme intermédiaire. Nous verrons bientôt que dans les plantes hybrides, deux embryons différents peuvent se développer dans une même graine et se souder, on a supposé que c’était peut-être l’origine du C. Adami. On sait que lorsqu’on ente sur une plante à feuilles uniformes une plante à feuilles panachées, la première est quelquefois affectée, et plusieurs personnes pensent que c’est ce qui est arrivé au C. Adami. Ainsi M. Purser[1] assure qu’un Cytise ordinaire de son jardin, revêtit graduellement les caractères du C. Adami, après avoir reçu trois greffes de C. purpureus ; mais il faudrait plus de détails et de preuves pour rendre croyable une assertion aussi extraordinaire.

Plusieurs auteurs soutiennent que le C. Adami est un hybride, produit de la manière ordinaire par graine, et qui, par bourgeons, a fait retour à ses deux formes mères. Les résultats négatifs ont peu de valeur, il est vrai, mais des essais de croisement des C. laburnum et purpureus, ont été vainement tentés par MM. Reisseck, Caspary et moi ; j’ai cru un moment avoir réussi en fécondant le premier par le pollen du second, car il se forma des siliques, mais treize jours après la chute de la fleur, ils tombèrent aussi. Néanmoins la supposition que le C. Adami soit un hybride provenant des deux espèces susmentionnées, est fortement appuyée par le fait que des hybrides, entre ces espèces et deux autres, ont spontanément pris naissance. Ainsi le métis stérile C. purpureo-elongatus[2] a apparu au milieu d’un semis de la graine de C. elongatus, près duquel croissait un C. purpureus, qui avait probablement fécondé le premier par l’intermédiaire d’insectes, lesquels, comme je le sais par expérience, jouent un grand rôle dans la fécondation du Cytise commun. Ainsi encore, à ce que m’apprend M. Waterer, un hybride, le C. alpino-laburnum[3], a spontanément surgi d’au milieu d’un semis.

  1. Le Dr Lindley admet cette assertion, Gard. Chron., 1857, p. 382, 400.
  2. Braun, O. C., 1853, p. xxiii.
  3. Ce métis n’a jamais été décrit. Par son feuillage, l’époque de sa floraison, les stries foncées de la base de l’étendard, les villosités de l’ovaire et presque tous ses autres caractères, il est exactement intermédiaire entre les C. laburnum et alpinus, mais s’approcha plus du premier par la couleur, tout en ayant des grappes plus longues. Nous avons vu plus haut que 20,3 pour cent de ses grains de pollen sont difformes et inefficaces. La plante, quoique croissant à peu de distance des deux espèces parentes, ne donna point de bonnes graines pendant plusieurs saisons ; mais, en 1866, elle se montra fertile, et ses longues grappes produisirent de une à quatre siliques, dont plusieurs ne contenaient point