Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 1, 1868.pdf/44

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
28
CHIENS.

rels disent être dérivé d’un animal sauvage semblable. Lichtenstein[1] affirme que les chiens des Bojesmans sont (à l’exception de la raie noire sur le dos), très-semblables, par la couleur, au C. mesomelas de l’Afrique du Sud. M. E. Layard a observé un chien caffre qui ressemblait tout à fait à un chien esquimau. En Australie on trouve le dingo à la fois domestiqué et sauvage ; quoique cet animal ait pu être originellement introduit par l’homme, on doit cependant le considérer comme une forme indigène ; car on en a trouvé des restes associés à ceux de mammifères éteints, et dans le même état de conservation, de sorte que son introduction a dû être fort ancienne[2].

D’après la ressemblance qu’offrent dans différents pays les chiens à demi domestiques avec les espèces sauvages qui s’y trouvent encore, la facilité des croisements, la valeur qu’ont aux yeux des sauvages même des animaux à demi apprivoisés, il est très-probable que les chiens domestiques descendent de deux vraies espèces de loups (C. lupus et C. latrans) ; de deux ou trois autres espèces douteuses (soit les formes européenne, indienne et africaine) ; d’au moins une ou deux espèces canines de l’Amérique du Sud ; de plusieurs races ou espèces de chacals ; enfin, peut-être, d’une ou de plusieurs espèces éteintes. Les auteurs qui attribuent à l’action du climat une grande influence peuvent expliquer par là la ressemblance que présentent les chiens domestiques avec des animaux indigènes des mêmes pays, mais je ne connais pas de faits pouvant appuyer l’admission d’une action de climat aussi considérable.

On ne peut objecter à l’idée de la domestication ancienne de plusieurs espèces canines, le fait de la difficulté de leur apprivoisement ; nous l’avons déjà vu par des faits, mais je dois ajouter que M. Hodgson[3] a parfaitement apprivoisé des jeunes C. primaevus de l’Inde, et les a trouvés aussi intelli-

  1. Travels in South Africa ; vol. II, p. 272.
  2. Selwyn, Geology of Victoria. — Journ. of Geol. Soc., vol. XIV, 1858, p. 536, et vol. XVI, 1860, p. 148. — Prof. M. Coy, dans Annals and Mag. of Nat. Hist. (3e série), vol. IX, 1862, p. 147. — Le dingo diffère des chiens des îles polynésiennes centrales. Dieffenbach remarque (Travels, vol. II, p. 45) que le chien natif de la Nouvelle-Zélande diffère aussi du dingo.
  3. Proceedings Zool, Soc., 1833, p. 112. — Voir aussi sur l’apprivoisement du loup ordinaire, Lloyd, Scandinavian adventures, vol. I, p. 460, 1854. — Pour le chacal, voir P. Gervais, Hist. nat. Mamm., t. II, p. 61. — Pour l’aguara du Paraguay, voir l’ouvrage de Rengger.