Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 1, 1868.pdf/449

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
433
ET CONCLUSIONS.

et il se présente quelquefois chez la Balsamine et la Dauphinelle annuelle. D’après R. Schomburgk, les plantes des régions tempérées chaudes, cultivées sous le climat brûlant de Saint-Domingue, sont éminemment susceptibles de variations par bourgeons, mais un changement de climat n’est toutefois pas une condition absolument indispensable, comme nous le prouvent le groseiller et quelques autres végétaux. Dans leurs conditions naturelles, les plantes paraissent beaucoup moins aptes à varier par bourgeons ; on a cependant observé parfois des feuilles panachées et colorées ; j’ai indiqué un cas de variation des bourgeons d’un frêne, mais il est douteux qu’on puisse considérer un arbre, planté dans une propriété d’agrément, comme vivant rigoureusement dans des conditions naturelles. Gärtner a observé sur une même racine de l’Achillea millefolium sauvage, des fleurs blanches et des fleurs rouge foncé ; et le professeur Caspary a vu la Viola lutea, complétement sauvage, porter des fleurs de grosseurs et de couleurs différentes[1].

Les plantes sauvages ne présentant que rarement des variations par bourgeons, tandis que les plantes cultivées, longtemps propagées par des moyens artificiels, ont par cette forme de reproduction, fourni beaucoup de variétés ; si nous considérons la série suivante, — la variation simultanée et semblable de tous les yeux d’une pomme de terre, — la coloration brusque en jaune de tous les fruits d’un prunier pourpre, — la transformation en pêches de tous les fruits d’un amandier à fleurs doubles, — la modification légère exercée par le sujet sur tous les bourgeons qui ont été greffés sur lui, — le changement temporaire qui se manifeste dans la couleur, la dimension et la forme des fleurs de la Pensée après leur transplantation, — tous ces faits nous portent à considérer les cas de variation par bourgeons comme le résultat direct des conditions extérieures auxquelles la plante a été exposée. Mais, d’autre part, si nous envisageons les cas comme celui du pêcher qui, après avoir, pendant bien des années, été cultivé par milliers dans divers pays et avoir annuellement produit des millions de bourgeons, qui tous paraissent avoir été soumis aux mêmes conditions, —

  1. Schriften d. Phys.-OEkon. Gesell. zu Königsberg, vol. VI, 1865, p. 4.