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CHIENS.

ou en meutes, et creusent des terriers[1]. À Juan Fernandez, Juan de Nova et la Plata[2], ces chiens revenus à l’état sauvage n’ont pas repris une coloration uniforme. Pœppig décrit les chiens redevenus sauvages de Cuba comme presque tous couleur souris, à oreilles courtes et yeux bleu clair. À Saint-Domingue, d’après le Col. Ham. Smith[3], les chiens marrons sont très-grands, comme des lévriers, d’une couleur uniforme d’un bleu cendré pâle, avec oreilles petites et grands yeux brun clair. Le dingo sauvage, quoique bien anciennement naturalisé en Australie, varie considérablement de couleur, à ce que m’assure M. P. P. King. Un dingo demi-sang[4], élevé en Angleterre, a manifesté des instincts fouisseurs.

Les faits précédents montrent que le retour à l’état sauvage ne donne pas d’indications sur la couleur ou la taille des espèces parentes primitives. J’avais espéré qu’un fait que j’ai une fois eu occasion d’observer sur la coloration des chiens domestiques, pourrait jeter quelque jour sur leur origine ; et il est intéressant parce qu’il montre que la coloration suit certaines lois, même chez un animal aussi anciennement et aussi complètement domestiqué que le chien. Les chiens noirs, dont les pattes sont de couleur feu, ont presque invariablement, et à quelque race qu’ils appartiennent, une tache de même couleur à l’angle intérieur et supérieur de chaque œil, et les lèvres offrent généralement la même coloration. Je n’ai vu que deux exceptions à cette règle, chez un épagneul et un terrier. Les chiens d’un brun clair offrent fréquemment au-dessus des yeux une tache plus claire, d’un brun jaunâtre ; cette tache est quelquefois blanche ; je l’ai trouvée noire chez un terrier métis. Sur quinze lévriers de Suffolk, examinés par M. Waring, onze se trouvaient noirs, ou noirs et blancs, ou tachetés, et n’avaient pas de taches sur les yeux ; trois qui étaient roux, et un gris-ardoisé, portaient tous les quatre des taches foncées au-dessus de l’œil, Quoique ces taches diffèrent ainsi quelquefois de couleur, elles tendent cependant fortement vers la nuance feu ; j’ai vu quatre épagneuls, un chien couchant, deux chiens de berger du Yorkshire, un grand métis, et quelques courants pour la chasse du renard, noirs et blancs, n’offrant d’autres marques de feu, que la tache sus-orbitaire, et quelquefois une trace sur les pattes. Ces cas et quelques autres semblent indiquer une certaine corrélation entre la coloration des pattes et celle des taches sus-orbitaires.

J’ai observé dans diverses races, tous les degrés, depuis la coloration feu de la face entière, puis, seulement d’un anneau complet autour

  1. Pour les loups creusant la terre, voir Richardson, Fauna Bor. Amer. p. 64 et Bechstein, Naturg. Deutschl., v. I, p. 617.
  2. Pœppig, Reise in Chile, v. I, p. 290 ; voir Clarke ; et Rengger p. 155.
  3. Dogs. — Nat. Lib. vol. X, p. 121. Un chien de l’Amérique du Sud paraît être redevenu sauvage dans cette île. Voir Gosse, Jamaïca, p. 340.
  4. Low, Domesticated Animals, p. 650.