Aller au contenu

Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 1, 1868.pdf/82

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
66
ÂNES.

L’ÂNE.

Les naturalistes ont décrit quatre espèces d’ânes, et trois de zèbres ; il n’y a cependant presque pas à douter que notre âne domestique ne provienne d’une seule espèce, l’Asinus tæniopus d’Abyssinie[1]. On a quelquefois présenté l’âne comme un exemple d’un animal auquel la domestication, quoique fort ancienne, ainsi que nous pouvons le voir d’après l’Ancien Testament, n’a apporté que de très-minimes modifications. Ceci n’est pas très-exact, car dans la Syrie seule on en reconnaît quatre races[2] ; premièrement, une race légère et gracieuse, employée par les dames à cause de son allure agréable ; secondement, une race arabe réservée exclusivement à la selle ; troisièmement, une forme plus robuste, qui sert à la charrue et divers autres travaux ; et quatrièmement, la grande race de Damas, qui a le corps et les oreilles remarquablement longs. Dans nos pays, et généralement dans l’Europe centrale, quoique l’âne soit loin d’offrir un type tout à fait uniforme, il n’a pas cependant donné naissance comme le cheval, à des races bien distinctes. La raison probable en est que l’âne se trouve surtout en mains des gens pauvres, qui ne peuvent l’élever en nombre, ni apporter aucun soin au choix des individus destinés à la reproduction. Nous verrons ultérieurement, qu’une sélection attentive jointe à une bonne nourriture peuvent améliorer considérablement la force et la taille de cet animal, et nous pouvons en inférer qu’il en serait de même pour tous ses autres caractères. La petitesse de la taille de l’âne en Angleterre et dans le nord de l’Europe, est certainement due bien plus à l’absence de soins qu’à la température ; car dans l’ouest de l’Inde, où les classes inférieures l’emploient comme bête de somme, il est à peine plus grand que le chien de Terre-Neuve, et n’atteint généralement que de vingt à trente pouces de hauteur[3].

Les ânes varient beaucoup dans leur couleur ; et leurs

  1. Dr. Sclater, Proc. Zool. Soc., 1862, p. 164.
  2. W. C. Martin, Hist. of the Horse, 1845, p, 207.
  3. Col. Sykes, Cat. of Mammalia. — Proc. of Zool. Soc., July 12, 1831. — Williamson, Oriental Field Sports, vol. II, p. 206 ; cité par Martin.