CHAPITRE XVI.
CAUSES QUI ENTRAVENT LE LIBRE CROISEMENT DES VARIÉTÉS. — INFLUENCE DE LA DOMESTICATION SUR LA FÉCONDITÉ.
Les races domestiques d’animaux et de plantes sont, à fort peu d’exceptions près, tout à fait fécondes lorsqu’on les croise, et, dans quelques cas, elles le sont même plus que les races pures. Les produits de ces croisements sont également plus vigoureux et plus féconds que leurs parents. D’autre part, les espèces croisées et leurs produits hybrides sont presque toujours stériles dans une certaine mesure ; il semble donc y avoir là une distinction prononcée et infranchissable entre les races et les espèces. L’importance de ce sujet et sa portée en ce qui concerne l’origine des espèces sont évidentes, et nous aurons à y revenir.
Il est malheureux que nous possédions si peu d’observations précises sur la fécondité des animaux ou plantes métis, suivies sur plusieurs générations consécutives. Le Dr Broca[1] a fait la remarque que personne n’a observé si, par exemple, des chiens métis, reproduits inter se, sont indéfiniment féconds ; et cependant dès que, par une observation attentive des produits de croisement de formes naturelles, on aperçoit une ombre d’infécondité, on regarde leur distinction spécifique comme démontrée. Mais on a croisé et recroisé de toutes manières tant de races de moutons, de bétail, de porcs, de chiens,
- ↑ Journal de Physiologie, t. II, 1859, p. 385.