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Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 2, 1868.djvu/127

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ACCROISSEMENT DE LA FÉCONDITÉ, ETC.

gine, que domestiquée en Europe, et exposée à nos climats plus froids[1].

Quant aux plantes, personne ne s’attendra à voir le blé pousser plus abondamment, ou contenir plus de grains dans les épis, dans un sol pauvre que dans un qui est riche, ou à obtenir une forte récolte de pois ou de fèves, dans un sol maigre. Les graines varient tellement qu’il est difficile d’en fixer la quantité ; mais en comparant les plantes que, dans les jardins, on conserve pour graine, à celles qui croissent à l’état sauvage, les premières paraissent en produire à peu près deux fois autant. Les choux cultivés donnent à la mesure environ trois fois autant de siliques que les choux sauvages des rochers du midi du pays de Galles. L’asperge cultivée, comparée à la plante sauvage, fournit un nombre beaucoup plus considérable de baies. Il est du reste évident qu’une grande quantité de plantes très-cultivées, comme les poires, les ananas, bananes, cannes à sucre, etc., sont presque ou tout à fait stériles ; mais je crois qu’il faut attribuer le fait à un excès de nourriture, et à d’autres conditions peu naturelles, point sur lequel nous aurons à revenir.


Dans quelques cas, comme pour le porc, le lapin, etc., et dans les plantes qu’on recherche pour leur graine, il est probable qu’une sélection directe des individus les plus féconds a contribué pour beaucoup à l’accroissement de leur fertilité ; dans tous les cas d’ailleurs, cet accroissement a dû être un résultat indirect de la chance plus grande en faveur de la survivance de la progéniture plus nombreuse des individus les plus féconds. Chez les chats, les furets et les chiens, et chez les plantes comme les carottes, les choux et les asperges, qu’on ne recherche pas pour leurs qualités prolifiques, la sélection ne peut avoir joué qu’un rôle secondaire ; et l’augmentation de leur fécondité doit être attribuée aux conditions extérieures plus favorables, auxquelles elles ont pendant longtemps été exposées.



  1. Pour les œufs du Gallus bankiva, Blyth, Ann. and Mag. of Nat. Hist., 2e série, I, 456, 1848. — Canards, Macgillivray, British Birds, vol. v, p. 37, et Die Enten, p. 87. — Oies sauvages, L. Lloyd, Scandinavian Adventures, vol. II, p. 413, 1854, et oies domestiques, Dixon, Ornament. Poultry, p. 139. — Pigeons, Pistor, Das Ganze der Taubenzucht, 1831, p. 46, et Boitard et Corbié, Les Pigeons, p. 158. — Pour les Paons, d’après Temminck (Hist. Nat. Gén. des Pigeons, 1813, t. II, p. 41), la femelle pond dans l’Inde jusqu’à vingt œufs ; mais d’après Jerdon et un autre écrivain (cité dans Tegetmeier, Poultry Book, 1866, p. 280, 282), elle ne pond dans ce pays que de quatre à neuf ou dix œufs ; en Angleterre, on dit, dans le Poultry Book, qu’elle en pond de cinq à six, et un autre auteur de huit à douze.