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Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 2, 1868.djvu/129

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AVANTAGES DES CROISEMENTS.

anciennes, et surtout à la création de nouvelles. Elle a également une certaine importance, par sa portée indirecte sur l’hybridité, et peut-être sur l’extinction des espèces, dès qu’une forme est devenue assez rare pour être réduite à quelques individus, vivant sur un espace peu étendu. Elle réagit d’une manière importante sur l’influence qu’exerce le croisement libre, lequel, en effaçant les différences individuelles, contribue à amener l’uniformité des caractères parmi les individus d’une même race ou espèce ; car, s’il résulte du croisement une plus grande vigueur et plus de fécondité chez les produits, ceux-ci se multiplieront et deviendront prépondérants, et le résultat ultérieur sera beaucoup plus considérable qu’il ne l’aurait été autrement. Enfin, relativement au genre humain, la question a une grande portée ; aussi la discuterons-nous en détail. Les faits tendant à prouver les effets nuisibles de la reproduction consanguine étant plus abondants, quoique moins décisifs, que ceux que nous possédons sur les effets favorables des croisements, c’est par les premiers, pour chaque groupe d’êtres organisés, que nous commencerons.

La définition du croisement n’offre aucune difficulté ; mais il n’en est pas de même pour celle de la reproduction consanguine, ou « en dedans », (breeding in and in), parce que, comme nous allons le voir, un même degré de consanguinité peut affecter les diverses espèces d’animaux d’une manière différente. Les appariages du père et de la fille, ou de la mère et du fils, ou de frères et sœurs, poursuivis pendant plusieurs générations, constituent les degrés les plus rapprochés possibles de consanguinité. Quelques juges compétents, comme Sir J. Sebright, estiment que l’union du frère et de la sœur est à un degré de consanguinité plus rapproché que celle des parents avec leurs enfants ; car dans l’union du père avec sa fille, il n’y a croisement qu’avec la moitié de son propre sang. On admet généralement que les conséquences d’unions aussi rapprochées, continuées pendant longtemps, sont une perte de taille, de vigueur constitutionnelle et de fécondité, accompagnée quelquefois d’une tendance à une mauvaise conformation. Les inconvénients qui résultent de l’appariage d’individus d’aussi proche parenté ne se manifestent pas nettement pendant les deux, trois, ou même les quatre premières généra-