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Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 2, 1868.djvu/195

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RÉSUMÉ

d’existence, ainsi que les croisements entre formes qui ont été lentement et fortement modifiées par des moyens naturels, — soit, en d’autres termes, les espèces, — sont extrêmement nuisibles au système reproducteur, et quelquefois même portent atteinte à la vigueur constitutionnelle. Ce parallélisme peut-il être accidentel, et n’indique-t-il pas plutôt quelque liaison réelle ? De même que le feu s’éteint, si on ne le remue pas, de même, d’après M. Herbert Spencer, les forces vitales tendent toujours vers un état d’équilibre, si elles ne sont pas constamment dérangées et renouvelées par l’action d’autres forces.

Dans quelques cas, les variétés tendent à demeurer distinctes, soit par une différence dans l’époque de leur reproduction, soit par une taille trop disparate, ou par suite d’une préférence sexuelle, — ressemblant, sous ce dernier point de vue, plus à des espèces à l’état de nature. Mais le croisement des variétés, loin de l’amoindrir, ajoute plutôt à la fécondité de la première union, ainsi qu’à celle des produits métis. Nous ne savons pas positivement si les variétés domestiques les plus distinctes sont toutes invariablement et complétement fertiles lorsqu’on les croise ; il faudrait beaucoup de temps et de peine pour faire les expériences nécessaires, qui d’ailleurs présenteraient beaucoup de difficultés, à cause de la descendance des diverses races d’espèces primitives distinctes, des doutes qu’on peut élever sur la valeur de certaines formes, et la question de savoir si on doit les considérer comme des espèces ou des variétés. Néanmoins l’expérience considérable des éleveurs pratiques prouve que la plupart des variétés, quand bien même il s’en trouverait par la suite qui ne fussent pas indéfiniment fertiles inter se, sont beaucoup plus fécondes, lorsqu’on les croise, que la grande majorité des espèces naturelles voisines. Toutefois quelques cas remarquables, avancés sur l’autorité d’excellents observateurs, ont montré que, chez les plantes, certaines formes qui ne peuvent être regardées que comme des variétés, donnent, lorsqu’elles sont croisées, moins de graines que les espèces parentes. D’autres variétés paraissent avoir eu leur puissance reproductrice modifiée de façon à être tantôt plus, tantôt moins fertiles, croisées avec une espèce distincte, que ne l’étaient leurs parents.