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SÉLECTION

mier pas vers ce but. S’il avait pu connaître le résultat final, il aurait été frappé d’étonnement, mais, d’après ce que nous savons des habitudes des amateurs, probablement pas d’admiration. Nos Messagers, Barbes, etc., ont été considérablement modifiés de la même manière, comme nous pouvons l’inférer tant des preuves historiques données dans le chapitre sur le Pigeon, que de la comparaison des oiseaux importés de pays éloignés.

Il en a été de même pour les chiens ; nos chiens courants pour la chasse au renard diffèrent beaucoup de l’ancien courant anglais ; nos lévriers sont devenus plus légers ; le chien-loup, qui appartenait au groupe du lévrier, s’est perdu ; le chien d’Écosse, pour la chasse au cerf, s’est modifié et est maintenant rare. Nos bulldogs diffèrent de ceux employés autrefois pour combattre le taureau. Nos pointers et Terreneuves ne ressemblent que peu aux chiens qu’on trouve actuellement dans les pays d’où ils ont été importés. Ces changements ont été en partie effectués par des croisements ; mais, dans tous les cas, le résultat a été réglé par une sélection rigoureuse. On n’a néanmoins aucune raison pour supposer que l’homme ait intentionnellement et méthodiquement voulu amener les races à être exactement ce qu’elles sont aujourd’hui. À mesure que nos chevaux sont devenus plus rapides, le pays plus cultivé et plus uni, des chiens courants plus légers et plus prompts ont été désirés et produits, sans que personne ait probablement prévu distinctement ce qu’ils deviendraient. Nos pointers et nos setters, ces derniers provenus certainement de grands épagneuls, ont été beaucoup modifiés pour les besoins de la mode, et en vue d’une vélocité plus grande. Les loups se sont éteints, les cerfs devenus rares, les combats de taureaux ont cessé, et ces changements ont entraîné des changements correspondants dans les races de chiens. Mais nous pouvons être certains que lorsqu’on a cessé les combats de taureaux et de chiens, personne ne s’est dit : je vais maintenant faire des chiens plus petits et créer la race actuelle. À mesure que les circonstances ont changé, l’homme a aussi changé, lentement et d’une manière inconsciente, la direction primitive qu’il avait d’abord imprimée à la sélection.

Chez les chevaux de course la sélection a été méthodique-