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Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 2, 1868.djvu/237

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SÉLECTION.

leurs fruits, ceux-ci sont toujours plus gros que dans l’espèce parente ; chez les arbres cultivés pour leur graine, comme les noisetiers, noyers, amandiers, châtaigniers, etc., c’est la graine elle-même qui est la plus grosse ; Sageret l’explique par le fait que la sélection a été pendant des siècles appliquée au fruit dans le premier cas, et à la graine dans le second. Gallesio fait la même observation. Godron insiste sur la diversité des tubercules de la pomme de terre, des bulbes de l’oignon, et des fruits du melon ; les autres parties de ces mêmes plantes se ressemblant d’ailleurs beaucoup[1].

Pour m’assurer de l’exactitude de mes impressions sur ce sujet, j’ai cultivé un grand nombre de variétés de la même espèce rapprochées les unes des autres. Voici quelques-uns des résultats de mes comparaisons. Nous avons vu dans le neuvième chapitre combien les variétés du chou diffèrent par le feuillage et les tiges, tout en se ressemblant beaucoup par les fleurs, les capsules et les graines. Dans sept variétés du radis, les racines différaient énormément par la couleur et la forme, sans qu’il fût possible d’apprécier aucune différence dans leur feuillage, leurs fleurs, ou leurs graines. Le contraste est frappant au contraire, si nous comparons les fleurs des variétés de ces deux plantes avec celles des espèces que nous cultivons comme ornement dans nos jardins, ou leurs graines avec celles de nos variétés de maïs, de pois, haricots, etc., que nous recherchons et élevons pour la graine. Nous avons vu que les variétés de pois ne diffèrent que peu, si ce n’est par la taille de la plante, un peu par la forme des cosses, mais beaucoup par le pois lui-même, qui est le point essentiel, et celui auquel on applique la sélection. Les variétés du Pois sans parchemin diffèrent plus par la gousse, laquelle, comme on le sait, est recherchée pour être mangée. J’ai cultivé douze variétés de fèves ; une d’elles, la Dwarf fan, différait seule par son apparence générale ; deux, par la couleur des fleurs, qui étaient albinos dans l’une et entièrement, au lieu de partiellement pourpres dans l’autre ; plusieurs différaient beaucoup par

  1. Sageret, Pomologie physiologique, 1830, p. 47. — Gallesio, Teoria, etc., 1816, p. 88. — Godron, De l’Espèce, 1859, t. II, p. 63, 67, 70. — J’ai donné, dans les dixième et onzième chapitres, quelques détails sur les pommes de terre, auxquels je pourrais ajouter des observations analogues sur l’oignon. J’ai aussi montré combien les remarques de Naudin sur les variétés du melon concordent avec les miennes.