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Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 2, 1868.djvu/243

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SÉLECTION

sensibilité nerveuse, ou du pouvoir de l’accommodation de l’œil, mais il est probable qu’elle peut être légèrement augmentée par d’autres modifications successives et de diverses natures. Les animaux amphibies, qui sont capables de voir dans l’eau et dans l’air, doivent avoir, et, ainsi que l’a montré M. Plateau[1], ont effectivement des yeux construits sur le plan suivant : « La cornée est toujours plate, ou au moins très-aplatie devant le cristallin, sur un espace égal au diamètre de cette lentille, tandis que les parties latérales peuvent être très-bombées. » Le cristallin est à peu près sphérique, et les humeurs de l’œil ont presque la densité de l’eau. Un animal terrestre acquérant peu à peu des habitudes de plus en plus aquatiques, de très-faibles changements dans les courbures de la cornée ou du cristallin, dans la densité des humeurs, ou l’inverse, peuvent survenir successivement, et, sans altérer sérieusement la vision aérienne, être avantageux à l’animal quand il est sous l’eau. Il est, cela va sans dire, impossible de conjecturer comment la conformation fondamentale de l’œil des vertébrés a pu être acquise originellement, car nous ne connaissons absolument rien sur la structure de cet organe chez les premiers ancêtres de la classe. Quant aux animaux les plus inférieurs de l’échelle animale, les états de transition par lesquels l’œil a probablement dû primitivement passer peuvent être indiqués par analogie, comme j’ai cherché à le faire dans mon Origine des espèces[2].



  1. Sur la Vision des Poissons et des Amphibies ; traduit dans Ann. et Mag. of Nat. Hist., t. XVIII, 1866. p. 469.
  2. Quatrième édition, 1866.